Dépaysement total
Poste frontière passé sans aucune anicroche, nous évoluons direct dans un environnement qui nous est totalement étranger. Aucun arbre, aucun relief, tout est plat. Seulement des champs à perte de vue et quelques poteaux électriques qui se baladent, les paysages sont à couper le souffle. Nous commentons rapidement :
« -Regarde à droite! Regarde !
-Quoi? Quoi?
-Ben, y’a rien !
-Whaow, c’est vrai, c’est beau !!
-Regarde à gauche, regarde !!
-Quoi qu’est qu’il se passe?
-Rien, il n’y a rien, encore rien !!
-Enorme!! Alors c’est ça la steppe !! »
Nous roulons quelques kilomètres et les coups de klaxons pleuvent : bras tendus pour nous saluer ou en signe d’encouragement, certains vont même jusqu’à s’arrêter pour nous offrir de l’eau et de quoi se restaurer. C’est sûr, ils sont fans des cyclistes dans le pays de Vinokourov.
Coco : « Le premier soir, nous campons au milieu de nulle part. Déboule d’on ne sait où un papy kazakh. Ni une ni deux, avant même les présentations, le voilà qui nous offre des cerises et des cèpes. Vladimir sourit à pleines dents et est heureux d’échanger quelques mots avec nous. Il revient deux heures plus tard les bras chargés de miel fraîchement récolté, de pommes, de pain, de lard et de concombres… Nous n’en revenons pas !! »
Vent dans le dos, à travers les grandes plaines céréalières du nord, nous arrivons en deux jours à Kostanay où nous avons rendez-vous avec Azizbek que nous avons rencontré sur la route. Celui-ci nous explique :
« Le peuple du Kazakhstan a traditionnellement longtemps été et est encore parfois un peuple nomade. Nous avons donc pour coutume d’offrir l’hospitalité aux itinérants car nous savons qu’il est difficile de voyager dans notre pays. »
Jusqu’au lac Balkhash
Gilles (de Poitiers) nous avait prévenu : « Les gars, vous n’êtes pas dans le bon sens du vent, ça risque de vous tirer sur les mollets« . Effectivement, dès le départ de Kostanay, nous nous prenons en pleine face un violent vent d’est. Pendant huit jours nous peinons à avancer. Gooby raconte :
« Je me lève le matin et déjà je sais que ça va piquer : le vent est encore contre nous. Il est infatigable, inlassable, inusable, interminable… A la fin de l’étape, j’ai le visage émacié et les traits tirés. Ma peau, burinée par le soleil de plomb, est recouverte de sel. J’ai vraiment l’impression d’être un chips tout sec. »
Néanmoins, pas un jour ne se passe sans rencontre inoubliable : discussions avec des inconnus sur le bord de la route, tomates et concombres offerts, invitations à prendre le thé, Borsh partagés, vodka à 10h du mat’… tout y passe. L’hospitalité Kazakh nous laisse vraiment sans voix et chaque fois nous repartons le sourire jusqu’aux oreilles.
Nous avançons ainsi jusqu’à la capitale, où nous manquons de peu un rendez-vous avec Cédric, rencontré quelques jours auparavant, seul français que nous croiserons au Kazakhstan. Il participe à une manifestation sportive, « The Sun Trip« , qui a pour but, entre autres, de promouvoir l’utilisation de l’énergie solaire. Il vient de rejoindre Astana après deux mois sur son vélo couché à travers l’Europe.
Quelques photos et nous voilà déjà en dehors de la cité. Encore du vent, toujours du vent… Suite aux recommandations des locaux que nous rencontrons et quelque peu lassés de cette steppe uniforme, nous décidons finalement de prendre un raccourci pour aller directement jusqu’au lac Balkash, promesse de paysages magnifiques. Un pouce est tendu et, deux minutes plus tard, les vélos sont chargés à l’arrière d’un semi-remorque tandis que nous montons dans la cabine du chauffeur. Le routier est fort sympathique, nous offre une carte de la région et papote allègrement avec nous. Ainsi en seulement quelques heures, nous arrivons à la ville de Balkash, côtière du lac éponyme.
Traversée du désert
Le lac est énorme (500 Km de long et 50 de large environ) et deux routes s’offrent à nous :
– Par l’ouest du lac, nous pouvons emprunter la voie principale, grande route de bitume où la circulation reste importante
– Par l’est du lac, à travers les steppes arides et désertiques, sur une piste de terre et de poussières.
Après de « rapides délibérations », nous choisissons le chemin oriental. De nombreux kilomètres de pistes nous attendent et dès les premières longueurs nous rencontrons deux locaux qui nous avertissent :
« Si vous allez par là, faîtes bien attention. Le prochain ravitaillement en eau est dans 210Km. Il y a aussi une base secrète dans le coin, n’approchez pas, ils tirent à vue. Ah, de plus, les quelques fermiers qui habitent dans le coin sont souvent des braconniers, soyez prudents. Enfin si vous campez, étendez du crottin de chameau autour de la tente, ça fait fuir les scorpions, les araignées et les serpents du coin… »
Ok… Nous ne pourrons pas dire que n’avons pas été prévenus… Et c’est donc avec une légère appréhension que nous avançons sur la piste. Celle-ci se révèle particulièrement difficile, les cailloux et les nids de poules font constamment vibrer nos vélos et rapidement nous sommes sur les nerfs. La chaleur qui dépasse les 40°C n’arrange rien. Nous roulons tout l’après-midi, et petit à petit, nous voyons la piste principale qui s’oriente vers le nord-est, nous éloignant du lac et donc de notre seule source d’eau potable. Puis le lac disparaît. Collines après collines nous cherchons l’étendue bleue du regard…rien. Une heure passe. Puis deux. Toujours rien. Il est déjà 19h et nous faisons un constat : nous sommes perdus au milieu de la steppe, nous n’avons pas dû prendre le bon embranchement. Bon nous savons que le lac se trouve quelque part au sud, mais néanmoins nous ne sommes pas très serein dans cet environnement hostile qui ne nous est pas familier. Nous décidons de suivre une trace de chèvre plein sud, direction de notre oasis. Mais finalement la nuit nous rattrape, et après 150Km de piste nous plantons la tente au milieu des collines arides de la steppes Kazakh. Le coucher de soleil est magnifique et, malgré les circonstances, Gooby ne peux pas s’empêcher de sortir un : « C’est dur…mais ça en vaut la peine !« .
Après une nuit courte et pas vraiment reposante, nous repartons bille en tête. Après 20 kilomètres d’effort, nous retrouvons enfin la fameuse étendue. Ragaillardi par cette vision, nous sentons la légère pression qui pesait sur nos épaules s’évanouir. Le vent enfin dans le dos, nous roulons une journée et demie en longeant le lac, toujours dans la chaleur mais proche de l’eau. Qu’il est bon de se jeter de temps à autre dedans, juste histoire de se rafraîchir…
Almaty, ou du désert à la montagne
Après un petit déjeuner agrémenté du lait de vache recueillit un peu plus tôt par notre hôte berger, nous repartons en direction d’Almaty, la plus grosse ville et ancienne capitale du pays. Très vite les paysages changent, nous traversons de nombreuses rivières qui descendent tout droit de l’immense chaîne de montagnes que nous pouvons deviner au loin et la végétation réapparaît. Le climat est plus humide. D’ailleurs le temps se couvre, juste le temps pour nous de trouver refuge chez le Pablo Escobar local. Maison gigantesque, une dizaine de personnes au service de Monsieur et même un portrait en peinture au dessus de son propre canapé. Ne nous sentons pas trop à notre aise mais nous sommes néanmoins reconnaissant de son hospitalité.
Sur la route, des rumeurs de fermeture de la frontière kyrgyze parviennent à nos oreilles : un cas de peste bubonique déclaré dans la région de Karakol.
Nous passons la seconde et arrivons rapidement à Almaty. Ou tout du moins à Talgar, petite bourgade périurbaine, où nous accueille Nazeera et sa famille. Après 18 jours de vélo sans pause, nous profitons d’une journée de repos qui nous permet de recharger nos batteries.
Enfin, deux cents kilomètres plus loin, nos attaquons les premières pentes, direction le Kyrgyzstan. Gooby : « Cinq mois que nous sommes partis, et pas un seul jour ne passe sans que Coco ne me parle de la montagne. Il est prêt, il est chaud, il va la manger tout cru… N’empêche que dans le premier passage ardu, je ramais derrière, presque à l’agonie, et voilà que je le vois, à peine 200 m devant moi, s’accrocher à un camion pour se faciliter la tâche. Le salop !!! Je passe les sept kilomètres suivants à tenter de rattraper le semi-remorque, je souffle comme un gros cochon, je donne tout… Impossible pour moi… Et pourtant le compteur affiche seulement huit kilomètres par heure… Malédiction !! Le traître m’attend au col, un sourire béat au visage… Horrible !!
Le Kyrgizstan promet un sacré belle aventure…
Begnat on septembre 17, 2013 at 8:52 said:
Salut les gars. Ça fait vraiment rêver votre aventure. Continuez à en profiter à fond. Biz
Romy on septembre 17, 2013 at 10:26 said:
C´est énorme !!! Ça c´est du trip comme on les aime…continuez à nous faire rêver et vous faire plaisir !
(vs ns avez tous ému avec votre vidéo pr le mariage…!!) Vous nous manquez !!
(J´aimerai bien vs choper sur skype, quand vs aurez internet écrivez moi sur facebook pr que je me connecte à skype)
La bise !!!
Roro on septembre 17, 2013 at 12:56 said:
Magnifique !! Vous nous manquez fort ici. A tu deja vu deux connards faire pleurer une salle de mariage ? moi oui!!
emma on septembre 17, 2013 at 3:20 said:
Merci pour ces petits récits que je trouve toujours bien écris… Ils me mettent toujours du baume au coeur! Par contre la claque qu’on s’est pris au mariage avec votre video… Elle était pourtant drôle, mais on a tous chialer! On dirait que vous manqué par ici!
Je vous embrasse et prenez soin de vous
Trevor on septembre 17, 2013 at 7:56 said:
c’est bon les kikis. Paris sous la pluie c’est encore plus dur après vos lectures. Continuez à vous gaver. C’est vous qui avez tout compris. la bise.
Coco on septembre 18, 2013 at 6:15 said:
Comme dirait un fameux philosophe, écrivain, archéologue dont je tairais le nom : « on est quand mieux là qu’en prison !! »
Les Gimenez de Clairbois on septembre 17, 2013 at 8:08 said:
Vous êtes de vrais envoyés spéciaux à bicyclette..
Continuez de nous faire rêver et profitez au max.(tout en maîtrisant les risques).Bon courage pour la montagne.Après ça on pourra vs remettre le maillot à pois..Ns continuons à vs suivre de près.
Bises à tous les deux.
Sylvie et Vincent Gimenez
P.S:Remarquable la nvle coupe de cheveux de Jérémy!!
Il y avait autrefois un certain Tarass Boulba..
bernardu on septembre 18, 2013 at 3:20 said:
Yo coco and co!
Formidable! on adore tous à eolite: tes photos et la plume de ton acolyte! simplement géant! continuez à nous faire sourire! « on the road again »!(PS: tes intermèdes musicaux me trop manquent trop ici! d’ailleurs avez vous par hasard découvert des zics typiques pour nous faire encore plus rêver?)
une vielle collègue…biz!
Gilles de Poitiers on septembre 18, 2013 at 8:59 said:
salut la compagnie,
vos histoires me donnent envie d’y retourner…
au fait j ai mis un petit film de 13mn sur ma balade à vélo au kirgizstan en 2006; et si vous n’êtes pas sages , je vous mettrai ma dernière balade effectuée en 2008. BON VENT !!!
gillesveloalberty.over-blog.com
Mag on septembre 18, 2013 at 10:19 said:
Génial! Un pur dépaysement… Merci de nous faire voyager devant nos ordis. Bisous à tous les 2 et bon courage.
Sistergoob on septembre 19, 2013 at 3:20 said:
Trop cool !! continuez comme ca vous etes parfaits !!
bisous les barbus !
Schneerb on septembre 19, 2013 at 10:53 said:
Jerem j’adore ton look de killer !!!
Merci pour ces nouvelles et profitez bien les loustics !!!
Bises.
PAPIN Claude on septembre 26, 2013 at 12:00 said:
Salut Jérémy.
Ecoute, va falloir que vous appuyiez encore plus vite sur vos pédales car nous n’en pouvons plus d’attendre des nouvelles de la suite de vos aventures.
Et magnifique ta nouvelle coupe de cheveux qui te fait ressembler à quelqu’un que nous avons bien connu surnommé …BABU.
Amicalement.
Odile et Claude.
Gooby on septembre 29, 2013 at 9:47 said:
Merci à tous pour vos commentaires.
Les barbes poussent et les mollets sont toujours chauds !
Istany on octobre 10, 2013 at 5:46 said:
Belles barbiches, belles coupes de cheveux!
Il a l’air de faire très chaud là bas, à Paris c’est pas le cas…
Bon voyage en Asie!