L’été touche à sa fin et nous voilà déjà en Amérique Centrale, sous le soleil de plomb mexicain. Déjà la moitié du parcours dans les mollets… ou seulement, ça dépend toujours de quel coté nous regardons. Nous venons juste de passer 3 mois, nous avons pris notre temps, à travers les États-Unis. Détours impromptus, aventures inédites, rencontres épanouissantes, le pays des cow-boys nous a réservé de belles surprises.
Les hommes qui murmuraient aux guidons de leur vélos.
Nous traversons la frontière dans le Glacier National Park, au nord de l’État du Montana. Le douanier, plutôt sympathique, nous accorde 3 nouveaux mois pour découvrir sa contrée en contournant légèrement les lois sur l’immigration. Vraiment sympa, car les trois mois initiaux que nous avions obtenus début Juin en Alaska, nous obligeaient à parcourir la distance Anchorage – Mexique en 90 jours… autant dire que c’était pas gagné. Nous remercions le bonhomme et repartons tout feu tout flamme à travers le parc. Coco est tellement chaud, dans son élément, que le lendemain, juste après avoir franchi les 2025m de la Logan Pass, pris dans l’élan de la descente infernale, il loupe le panneau de signalisation indiquant : « Cyclistes interdits entre 11AM et 4PM ». Il est 15h45 et malheureusement, le Ranger, lui, ne va pas louper Coco. Il nous offre son cadeau de bienvenue. Et pan, 125$ d’amende !! Clément est furax. Il essaie d’argumenter, racontant notre histoire, questionnant sur l’utilité d’un tel panneau posé sur la seule route du parc, mais le représentant de l’ordre n’a pas l’air réceptif, et répond, laconique : « Twenty feet ! Stay twenty feet from the car ! » Ainsi soit-il, Clément paye l’amende directement par carte sur le terminal de paiement de l’officier (incroyable, ils sont équipés les bougres !!) et rejoins Jérémy qui, lui, avait pris la navette. Nous poussons quelques kilomètres et posons la tente dans la forêt, entre une rivière et la ligne de chemin de fer. A noter que cette dernière, malgré les bruyants trains de nuits, est un moyen beaucoup (mais beaucoup) plus facile pour percher le sac de viande dans les forêts de conifères et ainsi éviter les plantigrades affamés.
Deux étapes plus tard, nous faisons une pause à Missoula, un des hauts-lieux du cyclo-touring aux US. Nous sommes hébergés quelques jours par Arlen et Shawn. Le joyeux couple, également féru de vélo, a une pêche d’enfer et nous vivons d’excellents moments en leur compagnie, testant une des nombreuses micro-brasseries de la ville et partageant les histoires de nos épopées cyclistes respectives. Durant notre séjour, nous passons dans les bureaux d’Adventure Cycling, la plus grosse association de voyage à vélo aux États-Unis, où travaillent nos hôtes. C’est un peu La Mecque pour nous. L’ambiance est extra-terrestre là-dedans !! Nous échangeons expériences, routes et bons plans avec un foule de cyclistes de passages dans la ville, venus des quatre coins du pays et au-delà. Nous discutons avec Greg, un des fondateurs de l’asso qui, en 1973 s’il vous plaît, fut un des premiers à parcourir la distance Alaska-Terre de Feu en bicyclette. Le bonhomme est hilare, fait semblant de parler Français, et nous emmène pour une séance photo pour sa chronique (à voir sur http://www.adventurecycling.org/resources/portrait-gallery/) au terme de laquelle il nous fait peser nos montures. Chargés à mort, nos vélos atteignent la modique mais respectable masse de 130Lbs chacun, soit un poil plus de 59Kg. Nous sommes bien loin des ahurissants 280 Lbs (environ 127 Kg) du record. Il faut dire que le détenteur, en plus de sa carriole et des paniers habituels, tirait rien de moins qu’un kayak gonflable !!!Direction Yellowstone.
Nous repartons sur la route, orientation sud-est, direction la frontière avec le Wyoming où se situe le plus ancien Parc National du monde : Yellowstone. La partie du Montana que nous traversons alterne herbeuses vallées et vertes montagnes arborées de pins et d’aspens. Les truites pullulent dans les rivières où nous nous baignons chaque soir et il n’est pas rare que nous rencontrions un pêcheur à la mouche sur nos lieux de camping. Les grands pâturages sont parfois remplacés par des plantations de cerises et de nombreux petits lacs parsèment la contrée. Nous passons et repassons la « Great Divide », ligne de partage des eaux du continent Nord-Américain qui se caractérise par une succession de crêtes dans les rocheuses. Ce faisant, nous discutons avec d’aventureux cyclistes qui eux suivent fidèlement son tracé, principalement constitué de chemin de montagne. Pour imaginer l’ampleur de la tâche, nous vous recommandons de jetter un coup d’oeil au documentaire « Ride The Divide ». Nous, nous sommes restés sans voix… L’asphalte que nous empruntons est aussi fortement usité par nos amis cyclo-touristes. Tout naturellement, nous nous lions d’amitié avec certains et roulons quelques jours avec eux. Éric traverse d’ouest en est les US sur la fameuse TransAm. Marie-Ann, une des rares cyclo féminine solo, se balade de San Diego, Californie, à Montréal, Canada. Quant à James, il transporte juste son chien dans sa carriole quelques centaines de miles jusqu’à Yellowstone, où son van l’attends. Ce dernier nous propose de quitter nos vélos une journée pour admirer les beautés du Parc National et ainsi ne pas être bousculé par la forte circulation sur les sinueuses routes du parc. Acceptant avec joie, nous voilà tous les six (Marie-Ann, Eric, James, Clément, Jérémy… Et le chien) arpentant les beautés de ce morceau de montagnes. Geysers géants, gorges abruptes, sources chaudes aux couleurs incroyables, nous en prenons plein les mirettes !! Coté faune, nous nous souviendrons à jamais de nos premières interactions avec le bison… Il est 17h et nous sommes tranquillement posé sur une aire de repos, dégustant une cafeïne supposé rechargée nos batteries. Surgissant de nulle part, un flegmatique bison fait son apparition à une dizaine de mètres. Le bovidé s’avance paisiblement, passant à moins de cinq longueurs de notre tablée, tandis que nous sommes ébahis par ses mensurations. La bête est énorme, imposante, possède un cou et des trapèzes à faire pâlir les meilleurs talonneurs du comité!! Les taureaux des Fêtes de Pampelune n’ont qu’à bien se tenir. Sur ce, un Ranger arrive dans son 4×4, nous demandant si nous avons aperçu un bison mâle par ici. Nous lui offrons un café et lions amitié avec le bonhomme. Rapidement, il nous raconte, un peu blasé, quelques péripéties bovines :« Vous savez il y a souvent des accidents dans le parc. Il faut dire que chaque année, il y a un lot de touristes qui veulent absolument prendre une photo de leur enfant SUR le bison… Évidemment l’animal, lui, n’est pas toujours d’accord… Je vous jure que c’est vrai… C’est pour cela que nous avons récemment été obligés de rajouter des panneaux indiquant ‘Attention, le bison est un animal dangereux, ne pas s’approcher‘. «
Quelques encablures plus loin, nous nous arrêtons sur un parking près d’un geyser, un troupeau d’une grosse cinquantaine de têtes paissant sur la butte aux environs. Nous retrouvons notre ami Ranger qui inlassablement demande aux nombreux vacanciers présents de reculer un peu pour prendre leur cliché.
Un bison, c’est déjà imposant, mais un troupeau… colossal !
C’est alors que soudainement, nous ne comprenons par trop bien pourquoi, la harde commence à avancer, prend de la vitesse dans la pente de la colline, et se lance toute berzingue en direction du parking !! Le Ranger hurle :
» EVERYBODY, GET BACK IN YOUR CARS !! «
C’est l’hallali! Tout le monde se jettent dans les véhicules et nous regardons médusés le passage des énormes bêtes frôlant les carlingues.
Un troupeau de bisons, c’est colossal, mais un troupeau de bisons qui chargent… incroyable, inoubliable !
Route en groupe, choix et carrière solo
Nous repartons de Yellowstone avec Mary Ann. Toujours de bonne humeur et avec un rire à décoller la tapisserie, elle nous initie au sandwich d’un pied de long à 5$ de chez Subway dans un épisode hilarant où nos yeux éberlués ne savent que choisir entre le pain aux grains de blé, grains d’avoine au miel, italien, ail grillé etc…ou encore les sauces moutarde au miel, chipotle (??), barbecue, mayonnaise, oignon, vinaigre, au bleu, buffalo… Nous finirons par demander le classique : « Euh, un peu de tout s’il vous plaît » !
Gooby sur le grand plateau
Ras de bol, ras la casquette et raz les pâquerettes !! J’ai les gambettes occies et je n’arrive plus à prendre de plaisir dans les grosses étapes de montagnes. Le seul paysage que je vois, ce sont les bandes blanches sur la chaussée devant moi. Coco est décidément trop rapide et tous les jours je m’use à tenter de tenir la distance. Peine perdue, dès que la pente dépasse 2,5%, je suis aux fraises, suant et rouspétant de ma propre inaptitude. Je pars donc de mon coté, optant pour un passage tranquille à travers les hauts plateaux du Wyoming, tentant de me faire une raison. Comme dirait l’Autre « C’est la vie », même si je suis plutôt sûr que lui ne s’est jamais retrouvé sur un vélo derrière Coco!! Rapidement, je sens que la décision que nous avons prise était la bonne. Un peu de route solo va me remettre les idées en place et le rythme sera plus paisible. Les paysages vert et sapineux de Yellowstone laissent place à une végétation plus éparse, de plus en plus rase et sèche. J’ai l’impression de me retrouver dans les steppes kazakhes, un an en arrière. De gros nuages menacent toujours à l’horizon et j’aperçois des ondées s’abattant à droite et à gauche de mon chemin. Jouant la carte chance, j’avance sans fioriture à travers les décors démentiels des plateaux orageux. Du plat et un peu de descente, quels moments de bonheur ! Ce changement de routine a quelque chose d’intriguant, différent. Ce n’est pas comme si nous échangions comme des pipelettes toute la journée avec Coco, ou comme si nous nous imposions beaucoup de contraintes, mais néanmoins il y avait cette habitude de faire les choses dans un certain ordre, d’une certaine façon. En y repensant, c’est presque comme un nouveau voyage. Tu ne veux pas manger, tu ne manges pas (bon ok, ça ne m’est pas souvent arrivé j’avoue), tu veux t’arrêter une heure sans aucune raison… Tu t’arrêtes. Savourant ces instants de pure liberté, je roule tranquillement pendant plusieurs jours, profitant du calme pour laisser vagabonder mes pensées où le diable les emmènent. Bon évidemment le plateau ne dure pas éternellement et je me farcis quand même quelques cols à 2500m, mais partant de 2000m ça reste dans le raisonnable. Après quelques enjambées, quelques soirées à écouter le coyote et quelques beaux points de vue, j’arrive à Grand Junction dans le Colorado. Je passe quelques jours avec Ed et Maggie qui me gâtent et me font faire le tour du coin : un concert de country, les imposants rochers du National Monument, une séance ciné en plein air au milieu de nulle part et le festival de la pêche à Palisade, où nous engouffrons un énorme petit déjeuner pancake-omelette-saucisse largement arrosé du sirop roi du jour. Repartant ragaillardi, je longe les rocheuses par l’ouest à travers les canyons, roulant à la fraîche le matin et profitant de siestes réparatrices l’après-midi. Une dernière étape et je me retrouve à Mancos où j’attends avec impatience mon compère qui doit arriver sous peu.Coco sur le petit plateau
Depuis le départ de notre aventure, je me suis rarement senti aussi bien et à la vue de la carte du Colorado j’en ai les gambettes qui frétillent ; l’objectif est clair…aller jouer de la pédale sur les routes asphaltées figurant parmi les plus élevées d’Amérique du Nord. Surtout je n’ai pas la moindre intention de m’éterniser dans les grandes plaines arides du Wyoming ou le désert de l’Utah, nous avons assez donné précédemment avec les steppes Kazakhs et le Nullarbor en Australie.
D’ailleurs, je repère une piste forestière à l’Ouest du Wyoming qui s’engouffre le long de deux rivières et me ramènera quelques 200km plus loin sur la route du Colorado. Le chemin est parfois pentu, caillouteux et c’est le vélo qui subit directement mes choix. Deux crevaisons de plus me décideront à remplacer mon pneu arrière et quelques vis de sacoches ne résisteront pas aux vibrations produites par les portions « wash board ». En revanche, les paysages sont magnifiques, je pédale à l’ombre des sapins, me baigne et remplit mes gourdes à même l’eau claire de la rivière. Au petit matin, il faut rester vigilant aux innombrables biches qui gambadent de part et d’autre du chemin. Les quatre journées qui suivent, je force le rythme et reste de longues heures sur ma monture. Je fuse à travers les grandes plaines jaunissantes du sud du Wyoming accédant au désert du nord-est de l’Utah en faisant tout de même un détour afin de contempler les Flamming Gorges. Enfin, j’arrive au Colorado par le nord-ouest de l’état où la végétation et les rivières réapparaissent petit à petit. Me voilà alors à Riffle, les gourdes vides, les guiboles amorphes, le visage et les bras littéralement cuits par le soleil ardent. Ce soir là deux litres de sodas bien frais feront office de dîner. La nuit n’a pas été aussi réparatrice que souhaitée et cette journée de transition entre immense plateau et hautes montagnes sera en fait une journée de repos ! Et comme souvent dans ce voyage, il suffit de penser à un endroit douillet pour que quelqu’un pointe le bout de son nez et transforme votre désir en réalité. Cette personne, c’est Martha, elle est prof d’anglais, est visiblement en retard à son prochain cours mais prend cinq minutes de son temps pour venir discuter lorsqu’elle aperçoit le vélo surchargé et finit par m’inviter à manger et dormir chez elle à 15km de là. Dix minutes s’écoulent et c’est Amélia qui vient à ma rencontre, elle est la directrice de la librairie devant laquelle je me trouve et m’offre le déjeuner au petit restaurant asiatique du coin de la rue accompagnée de Jim son mari. Le couple a baroudé durant six mois en sac à dos à travers l’Europe et me raconte plein d’anecdotes de leurs souvenirs impérissables. Une petite sieste plus tard et me voilà chez Martha et Brent son époux, prêt à partager une pile énorme de fajitas végétariennes sans oublier le saladier de margarita fraise-citron fait maison. Très vite, la margarita aidant, la discussion file dans tous les sens, entrecoupée de nombreux fou-rires. Je passe une excellente soirée et repars le lendemain plein de conseils sur les routes à emprunter en direction d’Aspen, petite bourgade mondialement connue pour ces mythiques stations de ski qui l’entourent, l’une d’elle accueillant chaque année les X-games. C’est alors que Jacques stoppe sa voiture quelques mètres devant moi et me regarde me tortiller en danseuse l’air de dire : « non, mais ça va pas toi…qu’est ce que tu fais avec tes sacoches ??!! » Le bonhomme a 79 ans,est français, pète la forme, à un VTT sur le toit de sa voiture et me conduit à deux encablures de là chez son ami Olivier, lui aussi français, le temps d’engloutir une bière et de partir courir 15km dans la montagne. Faut dire, Jacques à participé au championnat du monde de cross country ! D’ailleurs il est encore sponsorisé par une marque de produits énergétiques avec lesquels il me remplit une sacoche. Olivier, lui est installé dans le Colorado depuis une vingtaine d’années, est marié à Amy, originaire de Floride avec qui il a 4 enfants. Il a ouvert un petit restaurant dans le centre d’Aspen dans lequel il m’amènera prendre le petit dèj le lendemain matin, mais ce soir-là c’est poulet aux cèpes et bouteille de champagne; Autant vous dire que, quand c’est le chef qui s’affaire en cuisine…ça régale !! Toute la famille est au petit soin et je passe encore une fois une soirée inoubliable ! Au lever, une gigantesque omelette m’attend à « Jour de Fête » et me revoilà sur la route prêt à gravir l’Independance Pass, mon premier et plus haut col du Colorado situé à 3696m. Malheureusement, le temps est couvert et je ne profiterais pas des vues sur les différentes vallées qui s’enchainent au cours de l’ascension. Pendant la descente, c’est carrément le déluge et j’arrive frigorifié à Twin Lake. Mais là encore, alors que je m’abrite sous le porche d’un restaurant, Murielle, Marion et Romane trois françaises fans d’équitation passant leurs vacances dans l’état me convient à leur table le temps d’engloutir un bon gros burger…ça réchauffe ! A la sortie du restaurant, Casimir nous ayant entendu parler français se joint à la conversation. Il est franco-polonais et est l’un des chefs du restaurant duquel je sors. Il me déconseille vivement de reprendre la route ou de planter la tente ce soir car les prévisions météorologiques annoncent de possibles inondations. « Viens chez moi plutôt, dormir au sec et manger chaud ! » J’accepte avec plaisir et quelques instants plus tard alors que le soleil refait son apparition, nous voilà à trinquer sur sa terrasse avec vue imprenable, un Pastis dans la main (en fait il y en a eu plusieurs). « C’est pas tous les jours qu’on franchit l’Independance Pass » me dit-il ! Je repars le lendemain le ventre plein et j’enchaîne plusieurs étapes de montagnes taquinant les 3000m, tantôt sur asphalte, tantôt sur chemin. Les paysages sont incroyables, la roche des montagnes vire du rouge au jaune, les forêts verdoyantes de conifères et de bouleaux sont majestueuses. Elles m’offrent toujours des spots de camping resplendissant et mon parcours est sans cesse jalonné de rivières qui m’accueillent pour de rafraîchissantes pauses. Après un passage éclair le long du Black Canyon National Park, je fonce sur la Million Dollars Highway. Il s’agit de la route que plusieurs personnes, dont un cyclotouriste croisé sur le chemin, m’ont conseillée, si toutefois j’apprécie les étapes de montagne. En fait, la voie sinueuse, étroite et pentue emprunte trois cols situés à plus de 3000m chacun. Le premier, ça va ! Le second, ça passe encore ! Le troisième, je ne suis pas loin d’exploser et il me faut trouver un endroit où planter la tente au plus vite. L’accès à la rivière est malheureusement bloquée par de nombreuses barrières et je pousse tant bien que mal jusqu’à Durango. Je suis à deux doigts de demander l’hospitalité à un fermier quand Joe me tape sur l’épaule arrivant de derrière comme une flèche : « Viens à la maison, il y plein de bières ! » Au final, je resterais deux jours chez Joe qui m’amènera écumer les bars de la ville en compagnie de sa petite amie Leesa et de ses copains montain bikers ! Au top !! Je m’accorde une dernière nuit de camping au beau milieu la San Juan National Forest avant de rejoindre Gooby à Mancos.Cow-boys au Majestic Dude Ranch
Après une belle effusion et quelques bonnes histoires racontées, nous remontons à travers la forêt les quelques kilomètres qui nous sépare du Ranch où travaille notre ami Josh. L’endroit, niché au milieu des sapins prés d’un lac, est un centre de vacances pour des familles venues de tous les coins des US et propose un tas d’activités. Kayak, tir à l’arc ou au fusil, paintball, piscine, sortie dans les hot-springs, base-ball, VTT etc… et bien sûr ballade à dos de cheval dans les Parcs National et d’État qui bordent la propriété. Robert, le propriétaire, nous reçoit avec le sourire. L’ambiance est au top et pour nous, le deal est parfait. Nous donnons un coup de main au staff et en échange nous profitons d’un repos mérité, gîte et couvert fourni. Rapidement, nous nous intégrons et sommes comme des poissons dans l’eau. Évidemment, nous ne jouons pas aux garçons de vaches tout les jours, mais mettre la main à la pâte à quelque chose d’excitant après tant de temps sur un vélo. Alors que ce soit pour aider Delbert et Taylor à passer sous les cabines et poser l’isolation pour l’hiver, ou pour donner un coup de main à Daniel Patrick et Emilie en cuisine et à la plonge, ou encore à l’atelier vélo avec Josh, nous sommes toujours partant. Même avec Brandon et Jen, à charger le foin et ramasser le crottin, nous avons le sourire… et pourtant, nous vous assurons qu’une soixantaine de chevaux, ça bouffe et ça chie toute la journée! Après un an et demi de rencontres toujours intenses mais relativement courtes, c’est pour nous vraiment grisant de nouer des amitiés profondes avec l’équipe. Nous partageons d’inoubliables moments, écoutant leurs histoires puis racontant nos aventures. Nous renouons également avec nos deux pêchés mignons. Tout d’abord quelques soirées bien arrosées ici et là, et malgré des débuts ‘titubant‘ nous reprenons rapidement du poil de la bête. Enfin et surtout, nous renouons avec le plaisir de l’assiette. Il faut dire que les deux cuistots nous régalent et sont aux petits oignons. Pensez-vous, il y a de la viande tout les jours au menu !!! Pour nous qui étions cantonnés au beurre de cacahuètes c’est le bonheur. On se casse littéralement le ventre à chaque repas ! Coco essaie de garder la forme en allant courir de temps en temps, mais Gooby, bloqué à cause d’une entorse (pratique non !), enfle comme un ballon de baudruche et reprends une demi-douzaine de kilos en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.Les semaines passent rapidement et la fin du mois de septembre pointe déjà le bout de son nez. La météo commence à se gâter dans la montagne , il est temps de reprendre la route. Nous avons profité de ce répit pour nous faire envoyer des pièces de vélo et quelques affaires depuis l’hexagone. Tout est en ordre coté matériel et nous sommes tout frais tout fringuant, plein à craquer d’énergie pour continuer nos aventures. Après de poignants adieux avec toute l’équipe du Majestic, que nous ne pourront jamais assez remercier pour leur accueil et les moments que nous avons partagés, nous repartons vers les plaines d’Arizona.Qu’est ce que je voulais que je vous dise ? Quand on te mets un belle entrecôte avec un petit gratin dans l’assiette, même si c’est la deuxième, il faut lui faire honneur, c’est une question de politesse !!
Et un peu Utah, d’Arizona et beaucoup de désert
Nous avons pleinement profité de notre étape au Colorado, mais il ne nous reste plus que 15 jours sur notre visa et Yuma, où nous souhaitons passer la frontière, est encore à plus de 1000 Km. Pas le temps de trop jouer aux touristes. Nous longeons le sud de l’Utah pendant quelques jours avant de passer dans l’Arizona à hauteur de Monument Valley. La terre est rouge, sèche, aride. Le vent souffle implacablement, le plus souvent dans notre face, soulevant des nuages de poussières. Le soleil nous cuit la peau et l’eau se fait denrée rare. Une douche dans les eaux boueuses de la San Juan River et une autre dans le lac réservoir de Tuba City seront nos seules baignades de la semaine. Nous traversons les terres de la réserve Navajo ébahis par la rudesse du climat et l’absence quasi totale de végétation. Des chiens des prairies, quelques aigles et un peu de bétail qui fait peur à voir sont les seuls animaux que l’on aperçoit. Malgré cela, les décors sont terribles, les incroyables formations rocheuses qui poussent ici et là sont magiques, notamment au crépuscule, offrant des couleurs somptueuses et nous rappelant les westerns que nous regardions enfants. Nous prenons tout de même le temps de passer au niveau du Grand Canyon, où l’on s’offre un superbe lever de soleil sur l’imposant précipice de plus de 1000m. Gooby, lui, se rappellera surtout de la montée du jour précédent pour accéder au parc, où plutôt de l’état déplorable dans lequel il était en arrivant. Deux étapes plus tard, nous faisons une dernière pause d’une journée à Prescott, où nous sommes accueillis dans une colocation endiablée et où nous dégustons un dernier maxi Burger made in US. Merci les filles !! Puis nous repartons pour la dernière ligne droite à travers le rien d’Arizona. Un soir où nous nous abritons dans une station service abandonnée, les rongeurs du coin en profitent pour grignoter et faire un trou dans nos sacs à victuailles… pas si abandonnée que ça finalement, d’autant plus que nous avons également observés quelques araignées bien velues, des tarentules inoffensives nous dit Coco. Le lendemain, nous passons à Quartzsite, où nous en profitons pour nous procurer un dictionnaire. Coco :On se pointe au bookstore, il est genre 11h30, le soleil tape fort et on vient déjà de se farcir 70 Km. Le tenancier sort nous accueillir et je me frotte les yeux pour être sûr que ce n’est pas un mirage que j’aperçois. Le bonhomme est complètement nu, la peau tannée par le soleil, une barbe poivre sel et un chapeau de mexicain sur le crâne. Le seul vêtement qu’il porte est, dieu merci, les deux petits sachets violets retenus par un filin quasi invisible autour de sa taille. Un pour ses bourses et un pour son engin… incroyable. Gooby gère l’échange avec l’autochtone mais je vois bien qu’il est à deux doigts d’exploser de rire… Les États-unis, pays de la liberté !!
C’est sur ce dernier souvenir que deux jours plus tard, de bon matin, nous nous approchons de la frontière. Bienvenidos en el pais de Zapata, de la Cerveza y de la Turista.
Mag on octobre 30, 2014 at 1:48 said:
Thank you guys !
Les Gimenez de Clairbois on novembre 2, 2014 at 10:42 said:
Enfin nous pouvons nous régaler avec la suite de votre périple toujours aussi captivant. Nous nous impatientions! 🙂 Merci de nous faire vivre si bien vos aventures (vite, vite le prochain épisode…)
Bon courage avec la chaleur mexicaine mais gaffe avec la téquila. Nous sommes toujours derrière vous, bises à tous les deux Sylvie & Vincent
Jb on novembre 3, 2014 at 9:44 said:
Génial vos aventures, ça donne envie de vous rejoindre 🙂 Vous voir seuls au milieu de paysages infinis sur vos montures, quelle liberté!! La bise à vous deux 🙂
Nadège GIRAUD on novembre 15, 2014 at 10:56 said:
toujours aussi passionnant de vous lire ! les photos sont magnifiques; bon courage pour la suite !