Oui, ça y est !! Nous y sommes !! De l’autre coté du monde !! Nous avons finalement réussi à traverser la moitié du globe avec nos bicyclettes !! Nous avons de la peine à réaliser le chemin parcouru. D’aucun pourrait penser que nous l’avons chopé (le globe…), mais après tout ces paysages majestueux que nous avons aperçus, toutes les personnes incroyables que nous avons rencontrées, nous ressentons au contraire une véritable et profonde humilité. Tant de choses seulement entraperçues, traversées parfois avec trop de hâte, nous avons souvent l’impression que plus nous avançons, plus de choses restent à découvrir.
Quoi qu’il en soit, nous avons atteint la Nouvelle-Zélande, une des destinations que nous chérissions, une de celles que nous désirions le plus. Une des contrées reines de notre sport favori. Une terre renommée pour sa nature somptueuse et son climat colérique. Retrouvons donc ci-dessous un condensé de notre route aux pays des kiwis.
Ah, en passant ne comptez pas le nombre de fois où nous avons employé les mots « froid » et « pluie », leurs différentes déclinaisons et nombreux synonymes. Ils ont été, pour notre plus grand ravissement, beaucoup trop présents.
Adaptation et Acclimatation
Nous atterrissons à Queenstown, ville nichée entre de belles montagnes et un joli petit lac, une de destinations favorites des touristes en Nouvelle-Zélande, notamment pour ses nombreuses activités à adrénaline que l’on peut y trouver. Mais nous choisissons, à notre grand regret, de laisser derrière nous la bourgade et d’avancer vers Wanaka, qui se situe dans la vallée suivante. En effet, c’est là que Clément a réussi à trouver un fournisseur pour le cadre qu’il doit, souvenez-vous, remplacer. Un petit coup de bus pour Coco et son énorme carton, et pendant ce temps Jérémy et Thomas s’enfilent la Crown Range Road, plus haute route asphaltée du pays avec son col à 1161m. Pour une première journée de vélo et après les trois mois quasiment plats de l’Australie, le changement est plutôt radical ! Nous sommes néanmoins contents de constater que les paysages sont à la hauteur de nos attentes. Les couleurs rougeoyantes de l’automne Néo-Zélandais sont magnifiques, et les différentes teintes de rouges des feuilles des arbres se mêlent aux jaunes des peupliers et aux verts des innombrables pâturages que nous rencontrons. Cette journée-là, nous essuyons notre première averse et les fraîches gouttes qui humidifient nos vestes sont autant d’avertissements pour les prochaines semaines : « Attention, ici ça mouille froid! » Clément, en arrivant sur Wanaka, contacte Matt et Babu qui travaillent chez « Good Rotations », un magasin de cycles à la vitrine alléchante (à voir sur Facebook ou sur leur site Web : http://goodrotations.co/). Dans l’antre des deux compères, nous retrouvons le haut de gammes de la bicyclette : Brooks, Surly, Ortlieb et on en passe. Il faut dire que la Nouvelle-Zélande est reconnue, et plus particulièrement cette vallée, pour être un haut-lieu des engins à deux roues. Vélos de montagne, de route, de touring, électriques et même d’audacieux hybrides se côtoient par ici. Après quelques heures, Coco arrête finalement son choix sur LE grand classique du touring, le Long Haul Trucker de chez Surly. Ce cadre, qui a roulé sur la plupart des routes du monde, est en acier et sera donc moins susceptible de rompre sous l’effort acharné de notre collègue. Ajoutons à cela un peu de matériel pour ajuster le nouveau cadre ainsi qu’un remplacement du porte-bagage avant qui commençait à tourner de l’œil, la facture est légèrement salée. La certitude que le matos est de bonne qualité ainsi que la beauté du nouvel engin nous permettent d’absorber néanmoins l’addition avec aplomb. Nous profitons de ces quelques jours d’attente, le temps que la livraison soit effectuée, pour nettoyer nos affaires. Cette première lessive à la main dans les eaux gelées de la rivière restera dans nos mémoires. En dix minutes à peine nos mains sont proches d’une température sub-polaire et nos doigts engourdis ont du mal à essorer la pauvre chaussette tout juste rincée. Nos premières soirées sous tentes sont pour le moins rafraîchissantes. Quand, au troisième matin, l’herbe de l’ancien terrain de criquet où nous campons est recouvert d’une fine couche de gel, nous prenons dramatiquement conscience que nous venons de quitter les douces températures australiennes pour le rugueux et froid climat qui régit en ce moment la contrée maorie. Et oui, nous avons beau être au mois de Mai, nous sommes ici en plein milieu de l’automne de l’hémisphère sud. La localisation de l’île, un des points les plus méridionaux de notre planète, ne fait qu’ajouter à la rigueur de la saison. Nous passons de nuits où nous dormions nus dans nos sacs à viande, le duvet ouvert par dessus, à un multi-couches épique : un ou deux pantalons, une grosse paire de chaussettes, une couche en laine de mérinos, une polaire et un gore-tex par dessus. Ajoutons à cela une couverture de survie pour nous couper de l’humidité du sol, et nous sommes parés pour affronter les températures nocturnes négatives.Vélo sur la Rain Coast
Bicyclette réparée, nous nous relançons dans l’aventure. Direction la côte ouest de l’île du sud de la Nouvelle-Zélande, que l’on surnomme la « Rain Coast« . Un premier après-midi ensoleillé nous emmène le long des lacs Wanaka et Hawea. Les points de vue sur les étendues d’eau avec en fond les montagnes aux sommets enneigés sont majestueux. Les cerfs, qui sont élevés pour leur viande, brament tandis que nous roulons tout joyeux sur les rives. Lorsque nous campons ce soir-là, dans un des nombreux sites du Département de Conservation (DOC), nous sommes ravis. Hilares même, lorsque nous nous jetons, chacun notre tour, dans les eaux froides du lac pour la douche quotidienne. La cabine du collègue qui se lance courageusement vers la surface et les braiments qu’il pousse lorsque il ressort la tête au dessus de l’eau sont des souvenirs qui resteront gravés bien longtemps dans nos mémoires.Dès le lendemain, la nature nous fait des caprices. Lorsque nous passons le col d’Haast, la fine bruine incessante a fini de nous tremper. Nos pieds sont congelés malgré l’effort produit dans la montée et la descente n’en devient que plus infâme. En arrivant sur la côte, un petit passage à l’Office de Tourisme du coin nous éclaire. Dans les collines du district, ce n’est pas moins de 5500mm de flotte qui tombent chaque année. Par comparaison, en France, le taux de précipitation annuelle de la région la plus pluvieuse, le Pays-Basque, s’élève à 1500mm. Autant vous dire que l’on prends de belles saucées !!! Heureusement ce soir-là, un sympathique couple du village nous indique une cocasse petite maison abandonnée orange, le long de l’ancien aérodrome, où nous posons nos duvet et profitons d’une nuit au sec. Le jour suivant, nous enfilons nos affaires encore mouillées et, belote et rebelote, nous prenons des torrents dans la bougie pendant les cinquante premiers kilomètres de l’étape. Pas facile de profiter des paysages, quand tu as du mal à lever le museau parce que la pluie te fouette le visage… Enfin, le soleil réapparaît, et nous ouvrons tout grand nos K-Way, histoire que le vent s’engouffre et sèche un peu nos tee-shirt trempés. Mais ce n’est qu’une petite trêve mesquine. Deux journées plus tard, nous essuierons une jolie tempête et, alors que nous peinons à avancer, les vélos glissant sur la chaussée à cause d’une pluie battante et d’un vent à décorner les boeufs, nous nous posons intérieurement la question sur la limite qui existe entre le plaisir du cyclisme et le quasi-masochisme de moments comme ceux-là. Coco en profite pour nous faire un début de tendinite, et Thomas, en canne ces jours-ci, récupère le maudit sac qui contient les tentes et pèse pas loin d’une âne mort. Les étapes se suivent ainsi et, malgré une humidité omniprésente, nous arrivons tout de même à savourer de beaux paysages, notamment en passant devant les glaciers de Frantz Joseph et de Fox Glacier, ou encore devant les Pancake Rocks. En passant, les rivières sont ici aussi froides que les lacs, car descendant directement de la montagne. Un baigneur averti en vaux deux…Le soir, nous alternons refuges, hospitalités locales et maisons abandonnées. Nous remercions Kevin, Dulkara, Robyn, Linda et Bruce, Alison et Grant qui nous ont tous accueillis sous leur toit. Un lit au sec, une douche chaude et de belles histoires, plutôt que de subir une nuit humide et peu réjouissante sous tente, ça n’a pas de prix! Juste avant de prendre le ferry qui nous emmène sur l’île du Nord, nous passons une dernière soirée dans des vestiaires de rugby, à dormir sur les sac de plaquages, un banc ou même sur la civière. Tandis que des averses tombent toute la nuit, nous comprenons que nous venons de vérifier et d’assimiler le concept : la Rain Coast porte bien son nom.
De Wellington à Auckland
Nous avons tout juste le temps d’apercevoir les belles anses qui longent la baie en sortant de Picton que les embruns nous rattrapent. Quelques heures ballotés sur le ferry et nous débarquons à Wellington, capitale côtière mais néanmoins vallonnée de la Nouvelle-Zélande. Une courte nuit chez Fiona et sa famille et nous repartons avec la pluie. Après avoir longés le rivage ouest sur quelques dizaines de kilomètres, nous décidons d’orienter notre itinéraire vers l’est. Par là-bas, les collines vertes s’enchaînent à perte de vue, jolies buttes herbeuses dont les flancs sont garnis de vaches, de cerfs et bien sûr de moutons. Tellement typique que Gooby est presque surpris de ne pas apercevoir Bilbo sortir d’un vallon, la pipe au bec. Le soleil nous gratifie enfin de sa présence et pendant quelques jours nous glissons gaiement à travers les reliefs de la campagne. Le séchage des tentes est notre seule contrainte : rigides et craquantes le matin à cause du froid et du gel nocturne, trempées et pesantes dans les sacoches dès que les températures remontent. Tout les midis, sur les clôtures au bord de la route, nous étendons chaque toile, bâche, duvet et sac à viande pour les sécher et les aérer. Pointe de rouge, teintes de vert et de bleu, quelques tons de gris, c’est un véritable arc-en ciel qui surgit sur la chaussée ! A Hastings, nous faisons la rencontre de Liz et Ton, couple de quinquagénaires qui sont sur le point de vendre leur maison et partir pour quelques mois d’aventure en vélo à travers l’Europe. Nous profitons d’une belle journée chez eux pour échanger expériences, astuces et bon moments. En remontant vers le lac Waikaremoana, nous affrontons notre dernière grosse étape néo-zélandaise. A peine passé sur le premier plateau qu’un vent infernal nous ballote sur la route de gravier qui longe l’étendue d’eau moutonneuse. Le passage du col le lendemain se fait sous la pluie et la boue s’accumule sur les vêtements et les montures. Mais, après une douche dans une rivière d’un petit village du coin, nous avons encore une fois la chance de trouver un abri. Ce coup-ci c’est sous un Marae, maison d’accueil et de rencontres maori, que nous nous enfonçons dans nos duvets tandis que le déluge continue à l’extérieur.Quelques jours plus tard, après un passage dans la région volcanique de Rotorua, nous avons le droit a une journée spéciale Coco :
Nous nous retrouvons le lendemain et, après les deux cents kilomètres restants, nous atteignons finalement Auckland. Nous sommes reçus comme des rois par Dave, Leanne et leur cinq enfants. Dans leur maison, il y a de l’ambiance !! Nous passons d’excellents moments avec eux. Du match Blues vs Hurricanes, que nous allons voir dans l’antre sacré à Eden Park, à une sortie plage à Piha, où nous nous en donnons à coeur joie à grand renfort de schistes dans la beuchigue en passant par des repas animés, à dix autour de la table, ces dernières journées néo-zélandaises resteront un de nos meilleurs souvenirs.« Ce matin-là, il fait beau. Frais mais beau. Gros p’tit-déj, ciel dégagé, l’idéal. Pour éviter la route principale, Gooby nous fait prendre un chemin détourné qui se transforme rapidement en parcours du combattant. Ni une ni deux, mon vélo se fige dans une flaque plus profonde que prévue (niveau approximatif : 10 cm au dessus du fond des sacoches avant) et me voilà donc forcé de poser ma seule paire de chaussures dans l’eau boueuse à moitié gelée. Il est 10h30. Cadeau! A 12h, je checke, le fond des sacoches à pris l’eau… Bon… je roule donc toute la journée et nous arrivons finalement à trouver un endroit sympa pour camper, joli coin d’herbe près d’un sympathique torrent et d’une petite chute d’eau. Thomas et moi, nous nous lançons dans un concours de réception d’ogive avec la beuchigue, à qui tapera le plus haut. Pas de bol, je dévisse légèrement et j’envoie le pruneau direct au milieu d’un beau massif de ronces au bord de la cascade, trois mètres en contrebas. Tom, le svelte de l’équipe s’y colle et s’en tire avec quelques mignonnes estafilades. Nous décidons finalement de stopper notre compétition et de monter les toiles avant la nuit. C’est à ce moment, cerise sur le gâteaux de ma journée, que je m’aperçois que j’ai oublié les arceaux de ma tente sur la terrasse de John, notre hôte de la nuit précédente… à 60 kilomètres de là… Il est 16h30 et dans 30 minutes, il fait nuit…C’est définitivement ma journée!!! Je chope un paquet de cookies pour l’énergie et me renfile les bornes dans l’autre sens, musique dans l’oreillette, éclairé par ma loupiote 70 Lux. Je me gèle les petons bien avant la fin mais quand finalement j’arrive chez John, il m’accueille avec un repas chaud et je peux enfin enlever et sécher mes chaussures trempées. Une fois repu, j’ai une dernière pensée pour mes deux poteaux, qui doivent dormir depuis quelques heures déjà dans le froid sibérien, avant de m’écrouler au chaud, devant la cheminée. Je n’aurais pas tout perdu 🙂 »
A l’aéroport, nous dressons le bilan. De la pluie certes, du froid aussi, mais des paysages somptueux, une hospitalité incroyable et une générosité à toute épreuve.Il n’y a rien de plus à dire, la Nouvelle-Zélande, ça claque !
Ah, et bien entendu, nous tenons à remercier le petit Thomas de nous avoir accompagné durant ces quatre derniers mois !
Allez bon retour à la maison et à bientot guerrier…
Mathieu on juin 9, 2014 at 11:09 said:
L’attente entre chaque publication est insoutenable ! Vous me vendez du rêves!!!
sister on juin 9, 2014 at 5:05 said:
Parfait !! Il est enorme cet article, je me suis bien marré toute seule devant mon ordi au boulot 😉
Tom t’es nickel sur la derniere photo !
bisous les moches
Bastien on juin 9, 2014 at 11:11 said:
Vous êtes au top les gars. Je lis avec respect et un peu d’envie vos récits… Merci vous envoyez du rêve…
Mark and Janet on juin 16, 2014 at 2:05 said:
We enjoyed your company and your stories and I can only apologize for the « uncomfortable » weather you experienced here in New Zealand. All the more reason to come back one day in our glorious summer! Stay safe amigos.
Gooby on juillet 13, 2014 at 9:34 said:
We like your idea Mark 😉 and one more time, thank you for your welcome
Cris on juin 23, 2014 at 1:01 said:
Already in Canada!! Oh my gosh!! 🙂 It was beautiful reading these descriptions about NZ. They made me smile 🙂 Thanks for sharing them. The SW of Western Australia must feel so so far away now. Keep steady and enjoy every moment. All the very best, Cris
Jb alias Juan biches negger on juillet 2, 2014 at 5:26 said:
C’est bien les gars moi j’ai fait 100 kms de vélo (stats vélib) en cumulé depuis mai, j’suis pas mal fier 🙂
Après un rapide calcul je me rends compte que vous avez pédalé 260 fois plus… En gros chapeau les gars!!!
Content de vous avoir parler l’autre jour et hâte de vous voir!
Sait-on jamais… Les douaniers américains sont très sympathiques vous verrez 🙂
Bises!!!
Gooby on juillet 13, 2014 at 9:33 said:
T’es le meilleur Juan Biches !!
Claude PAPIN on juillet 2, 2014 at 7:27 said:
Salut les aventuriers.
Toujours aussi prenant vos récits, et comble du mimétisme, je lis celui sur la Nouvelle Zélande sous un orage copieux, il semble que nous allons être servi tout l’été.
Au moins à Toulouse, nous avons la chance de côtoyer des néo zélandais en profitant de la chaleur, Luke Mac Alister vient de reprendre l’entrainement accompagné de Tialata et nous attendons la fin du Super 15 pour découvrir notre nouveau talonneur.
Je crois comprendre que vous venez de changer de continent, je vous souhaite que les rencontres humaines continuent à vous enrichir chaque jour, et que vous nous transmettiez votre expérience.
A vous lire au plus vite
maya on août 9, 2014 at 2:44 said:
somptueux ce pays, sympa d’avoir vu la bouille de Thomas!!