Tandis que l’automne touche à sa fin en Europe, apportant son lot de grisaille et d’averses récalcitrantes, nous venons de passer 30 jours agréables sous les températures clémentes de ce petit pays d’Asie du Sud-Est.
Chanceux certains diront, et nous ne pouvons que leur donner raison :-). Revenons sur ce mois à travers les montagnes et les plaines Laotiennes.
De Luang Namtha à Luang Prabang
Nous venons à peine de franchir la frontière Chine-Laos, que déjà nous commençons à sentir du changement. Le local arbore un sourire jovial et nous lance de grands signes de bienvenue lorsque nous passons avec nos montures chargées à bloc tandis que les enfants nous courent littéralement après, hurlant « Sa Bai Dee!! » et lançant leur main vers nous espérant un « High Five » en règle.Après quelques kilomètres nous décidons de camper au milieu d’un champ de riz. La saison sèche débute à peine et la récolte du fameux grain est en cours. Ici, pas de machine, tout le village mets la main à la pâte, et nous regardons de nos yeux curieux tout ces gens qui coupent, ramassent, rassemblent et vannent les épis dans la chaleur de l’après-midi.
Une petite baignade dans la rivière et nous voilà en train de monter la tente sous une sorte de carbet, abri typique du coin. Les paysans rigolent beaucoup en nous voyant et nous autorisent sans souci à rester là pour la nuit.
Deux jours plus tard, nous arrivons à Luang Namtha où nous sommes accueilli par René, un allemand extrêmement sympathique expatrié dans la bourgade. Enthousiaste et enjoué, il nous emmène le lendemain faire un trek dans les collines du coin, où nous restons ébahis devant la beauté des paysages : la jungle est épaisse et luxuriante, les points de vue sur les paddies dorées à la tombée du jour sont tout simplement magnifiques. Durant ce premier week-end Laotien, nous découvrons également la boisson du cru. Elle se nomme BeerLao et est vraiment respectable et méritoire. Les natifs en sont fiers et nous nous accordons pour la hisser dans le top five du voyage (la bière teutonne étant bien sûr hors catégorie).
Après ces quelques jours de repos, nous repartons vers le sud.
Sur la route, nous profitons de la nourriture locale à petit prix. Grosse soupe de pâtes le midi, riz collant le soir et banane à toutes heures. Coté divertissement, nous reprenons notre championnat de Yams que nous avions délaissé en Chine. Nous constatons également que l’héritage colonial français est encore très présent : les locaux jouent avec ferveur à la pétanque et, à entendre le claquement des boules et le brouhaha d’un constant chambrage entre adversaires, ils n’ont rien à envier aux parties endiablées qui peuvent se dérouler dans le sud de la France.
Nous arrivons en nocturne quelques jours plus tard à Luang Prabang et, désireux de limiter les frais hôteliers, nous prenons une Guest House bon marché aux limites de la ville. Erreur de débutant. Coco :
« Ah oui, elle n’était pas chère cette nuit-là. N’empêche que l’on a rapidement compris pourquoi… De subtiles gémissements parviennent à nos oreilles alors que nous venons à peine de fermer l’oeil… Les cloisons aussi épaisses qu’une Rizzla+ n’absorbent en rien les vagissements de la princesse qui se fait soulever pendant d’interminables heures dans la chambre à coté… Il a fallu que l’on tombe sur un hotel de passe… Cadeau ! »
Luang Prabang et route vers Vientiane
Après un changement de lieux de villégiature, nous découvrons Luang Prabang. La ville est hautement touristique, tellement que nous avons parfois l’impression d’être de retour en occident. Mais il n’empêche que les temples locaux et le marché nocturne ont du charme. Nous passons quelques jours dans la cité, profitant de plats gargantuesques à 1€ tandis que nous attendons le visa Vietnamien. Nous testons avec modération le whisky laotien au cours d’une soirée multiculturelle. Américains, français, chilien, espagnol, anglais et suédois autour de la table, rien que ça.Finalement, nous repartons direction la capitale, frais et fringuants. Après seulement quelques longueurs, nous rencontrons Andy, un cyclo australien. L’energumène est ostéopathe, bosse pour l’équipe de cyclisme australienne et son frère a déjà participé à plusieurs « Tour de France« . Autant vous dire qu’il a le vélo dans le sang. Affuté comme pas deux, il se joint à nous sur le trajet, pour le plus grand plaisir de Clément, qui a enfin un collègue pour se tirer la bourre dans les pentes.
En effet, toute la partie nord du pays est montagneuse et, même si les sommets dépassent rarement les 1500m, les routes montent et descendent de façon particulièrement abruptes. Conséquence directe : Gooby en bave sacrément.
« Mine de rien, cela fait maintenant presque huit mois que nous sommes sur le bitume. Je ne sais pas si c’est une fatigue musculaire ou seulement le contrecoup de la montagne chinoise, mais mes cuisses ont du mal à pousser sur la pédale en ce moment…Je me souviendrai de cette journée avec 1700m de dénivelé positif comme une des plus dures du voyage. Coco et Andy étant hors de vue, je suis seul avec ma monture et mes pensées. Impossible de focaliser sur autre chose que la douleur. Petit plateau grand pignon, j’avance à 5km/h, et je me dis que j’irai aussi vite à pied. Je sue à grosses gouttes et même les passages sous les filets d’eau qui bordent la chaussée ne me refroidissent pas. J’arrive au dernier col à la tombée de la nuit, la larme à l’oeil en regardant les derniers rayons de soleil au crépuscule créer un paysage onirique sur les montagnes Laotiennes. »
Enfin, le relief s’aplanit et nous voilà maintenant évoluant un peu plus rapidement vers Vientiane, à travers les vastes plaines composées de champs de riz, de plantation d’évéas et de bananiers. Le dernier soir avant d’arriver dans la capitale nous campons dans un abri au milieu d’un paddy, lorsque, à la nuit tombée, quatre autochtones s’approchent à la lueur d’une torche électrique :
« Coco somnole déjà, je sors donc de la tente pour discuter. Je baragouine deux mots quand j’aperçois, suspendu à l’épaule d’un des types, la forme caractéristique de quelque chose qui ne me plaît pas du tout. Une mitraillette!! Le type à une foutue mitraillette!! Bon, OK, pas de panique, ils sont visiblement là pour voir ce que faisons au milieu du champ. J’explique calmement que nous serons repartis demain matin tandis qu’un des gus fouille la sacoche qui traîne par là. Après quelques minutes, voyant notre bonne foi, ils m’offrent une clope (??) et repartent sans demander leur reste. Rien de bien méchant finalement, mais mon palpitant a tout de même fait un bond… »
Vientiane et l’arrivée de Pierre.
Nous arrivons le week end de la fête nationale du Laos dans la capitale du pays. Nous rencontrons Amy, et son colocataire Lance, qui serons nos hôtes pour ces quelques jours. Farniente et farniente, gros programme 🙂 Coco discute avec les moines qui habitent le temple adjacent et Gooby bouquine de longues heures sur le porche avec du café. Qu’il est bon de ne rien faire parfois, juste du repos et de bon moments d’échange avec nos deux nouveaux amis.Nous sommes le 5 Décembre quand, de bon matin, nous récupérons notre nouveau équipier : Pierre, alias Mighty Posh, alias le grand blond au yeux bleu est un ami de longue date. Plus de vingt ans que Gooby le connaît, c’est vous dire. Lorsque Jérémy lui parle de ce projet « Tour du monde » il y a plus d’un an, ils partagent un appartement dans la banlieue bordelaise. Sportif émérite, sa réponse fuse :
« Je ne sais pas encore quand, mais je vous rejoins à coup sûr sur la route! »
Et le voilà donc, tout fougueux sur son Gitane tout pimpant. Il rejoins « Attrape Ma Roue » pour 2 mois pour une petite virée au Laos, Vietnam, Cambodge et Thaïlande. Après absorption du décalage horaire, le Mighty est comme un poisson dans l’eau sur sa monture. Il englouti ses premiers kilomètres avec l’aisance du cycliste averti. Et si ce n’était ce petit mal de derrière caractéristique, on pourrait croire qu’il voyage avec nous depuis des lustres. Nous roulons à quatre, Andy Clément Jérémy et Pierre, à travers les plaines du sud du Laos et tranquillement nous nous orientons vers la frontière Vietnamienne. Le relief s’élève un petit peu à l’approche du pays d’Ho Chi Minh, et sur une protubérance plus prononcé que les autres, nous explosons un de nos record : 75Km/h enregistré dans la descente. A cette vitesse, le moindre écart peut être dangereux, surtout que notre chargement ne facilite pas la stabilité des vélos. Mais qu’est ce que c’est grisant !!!
Les Gimenez de Clairbois on décembre 18, 2013 at 6:21 said:
Et l’aventure continue…toujours aussi captivante!!
Avez vous déjà croisé un Père Noël au milieu des rizières??? On pense quotidiennement à vous. Prudence, et tachez de battre les records en montée plutôt… 😛 Plein de bisous à vous 3
mimi on décembre 19, 2013 at 9:52 said:
wahou! Super récit comme d’habitude!!
Des gros bisous à tous les 3!
ZINGONE on décembre 19, 2013 at 1:08 said:
superbes photos et commentaires .
On se régale à chaque lecture de vos aventures .
Bonne route à vous
bises
Diana on décembre 19, 2013 at 8:50 said:
Wowww!! Merci pour partager avec nous vos expériences…. Les photos sont magnifiques!!! Bisous a tous, et bonne continuation de la route! On attend pour le prochain episode de attrape ma route!! 😉
padre on décembre 19, 2013 at 10:12 said:
du KEROUAC !!!!
C’est super !
bizavoustrois
Simoun on décembre 20, 2013 at 4:41 said:
Wow les amis! une partie du voyage des plus splendides vous attend tous les 3!!
Je ne vous écris pas beaucoup mais vous suis assidument, et investigue sérieusement pour vous rejoindre un coup courant 2014. Où et quand? Océanie, Amérique du Nord? il faut qu’on en discute.
La bise,
Simon.
Les Gimenez de Clairbois on décembre 23, 2013 at 5:07 said:
Nous vous souhaitons un très joyeux Noël!!!Pierre tu vas nous manquer mais nous penserons très fort à toi Gros bisous
Istany on décembre 23, 2013 at 8:26 said:
Génial la tente dans le « carbet »!
Joyeuses Fêtes de fin d’année à vous 😉
les wallabies on décembre 25, 2013 at 5:03 said:
Pierre , nous te souhaitons un joyeux noel ! Pedale, pedale, mon cousin ; 0) profite de ces moments inoubliables, 💡 nous pensons fort a toi . Gros bisous . Xoxo steph, shan and little elliot
maya on février 10, 2014 at 8:00 said:
ça vous a reposé de vos péripéties chinoises au moins, les jours se suyivent et ne se ressemblent pas… et c’est ça qui est bon!!!
Mr Cocktail on septembre 20, 2014 at 10:27 said:
Ils font du whisky au Laos? Il est comment?
Gooby on septembre 20, 2014 at 6:35 said:
Il est pas cher…;)