Journal N°19 : Pura Vida, Costa Rica

Nous sommes le 9 Janvier, il est 16h30, le jour tire à sa fin, le temps est maussade, une légère bruine tombe du ciel. Clément est affalé sur les gilets de sauvetage sur l’un des bancs avant; malade, une fois de plus. Sam et Gooby sont plus en arrière, contemplant, l’air pensif, les berges du Rio Frio. Nous venons de quitter le Nicaragua, sans toutefois être au Costa Rica. Nous remontons la rivière qui sépare les deux pays à bord d’un minuscule traversier presque vide. Cela dure une heure, peut être moins pour atteindre le débarcadère de Los Chiles. Enfin, nous descendons de l’embarcation, on fumigène nos vélos et cette fois, ça y est, nous sommes au Costa Rica ! La nuit étant déjà tombée, nous faisons un bref arrêt au bureau de douane, où, une fois n’est pas coutume, aucune taxe ne nous est demandée, avant de trouver refuge à la caserne de pompiers du village.

Le lendemain, nous effectuerons une centaine de kilomètres jusqu’à Quesada, d’où nous nous séparerons. En effet, pour des raisons « qui ne nous regardent pas », Jérémy fera route à part et rejoindra ses deux compères un mois plus tard sur la côte caraïbe. Nous vous proposons donc d’embarquer sur les montures de Sam et Coco afin de découvrir ce petit pays d’Amérique centrale au travers de leur expérience.

30-Jan-2015 02:19, Canon Canon PowerShot SX240 HS
 

Ambiance générale et premières impressions

Tout d’abord le contraste entre le Nicaragua et le Costa Rica est saisissant. En effet nous venons de passer du pays le plus pauvre d’Amérique centrale à celui dont le PIB est le plus élevé et nous l’avons clairement ressenti sur bien des aspects.

Premièrement, le prix de la nourriture. Après avoir jalonné les rayons du premier supermarché croisé sur le chemin et une tentative dans un petit restaurant en bord de route, nous n’avons d’autre choix que de nous adapter, et ainsi, de changer le train de vie que nous menions depuis le Mexique. À savoir, plus de boui-bouis le midi qui auraient vite fait d’exploser le budget, mais un régime composé d’avoine et de bananes pour le petit déjeuner, pain de mie-mortadelle pour la pause du midi et pour finir riz-sardines en boîte pour le souper ou encore soupe de pâtes instantanée. Ça ne fait pas toujours rêver mais nous nous en contentons surtout que les locaux, qui nous inviterons, ainsi que les fruits exotiques ramassés sur les bords des routes, apporteront de la diversité à nos menus.

Aussi, il faut dire qu’à force de parcourir les différentes installations publiques au travers des pays, nous avons une bonne idée de la richesse de celui que nous traversons. Et là, pas de doute possible, nous avons bel et bien franchi la frontière. Le meilleur exemple que nous pouvons donner concerne les stations de pompiers. Depuis le Mexique, nous y demandons régulièrement l’hospitalité et une fois de plus au Costa Rica, nous y sommes très bien accueillis. Là encore, le changement est radical. Les casernes sont du dernier cri, les véhicules de fonction paraissent neufs, le matériel mis à disposition est en très bon état, l’organisation et la propreté des lieux n’ont pas d’égales chez ses voisins du nord. Alors nous profitons un peu de tout ce luxe. Il n’est pas rare que nous dormions dans un lit, que nous bénéficions d’une connexion internet et d’une douche (parfois chaude) ! Également, comme partout dans le pays, l’eau est potable au robinet, ce qui nous évite de sortir le filtre et de perdre une bonne demi-heure chaque soir.

01-Fév-2015 23:02, Canon Canon PowerShot SX240 HS, 8.0, 10.539mm, 0.013 sec, ISO 100
 
De manière évidente, nous nous rendons vite compte que l’économie du pays dépend principalement du tourisme. Les Nord-américains et Européens viennent en masse explorer les aires protégées (qui représentent 25% du territoire) ou encore se dorer la pilule sur les nombreuses plages paradisiaques. Le gouvernement a tout intérêt à protéger la nature qui abrite une biodiversité exceptionnelle. Malheureusement pour nous, l’accès aux parcs nationaux est d’un prix exorbitant et nous ne pourrons pas nous y aventurer. Disons que, en généralisant, les Ticos (noms que se donnent eux-mêmes les Costaricains) sont beaucoup plus respectueux de l’environnement que leurs voisins du nord. Il est agréable de constater la propreté des bas-côtés d’ici. Dans les pays latins précédents, il est coutume de longer des routes parsemées de détritus. Certes, bien que cela peut être source de trouvailles incroyables, notamment pour Sam, qui vient de faire l’acquisition d’un nouveau caleçon et de quatre nouvelles tongs (gougounnes pour les Québécois) dont trois pour le pied gauche, c’est évidemment franchement navrant.

Enfin, ce qui nous a réellement marqué, c’est la gentillesse des locaux. Il n’est pas rare de se faire inviter spontanément à partager un café (du jus de chaussette démesurément sucré, mais c’est l’intention qui compte) ou un Gallo Pinto, plat typique dans lequel on y déguste fèves rouges, riz, bananes plantains frites et œufs. Parfait pour faire le plein d’énergie. Aussi, les enfants ne nous saluent plus à grands coups de GRINGO, ce qui avait sincèrement tendance à nous agacer. Au contraire, les Ticos nous accueillent le sourire aux lèvres avec des doux PURA VIDA (expression signifiant Bonjour, Merci ou encore Cool voir Super), ce qui est beaucoup moins agressif et plus joyeux. De plus, ils sont vraiment reconnaissants des touristes qui s’aventurent sur leur territoire comme l’illustre l’anecdote racontée par Clément :

”Alors que nous nous rapprochons de la côte pacifique après une grosse étape sous un soleil de plomb, nous repérons des noix de coco au pied de leur palmier. Étant épuisés et assoiffés, la tentation est trop forte. Nous voilà en train de jeter désespérément, chacun notre tour, les cocos afin de les fracasser sur le bitume (sans aucun succès, évidemment). C’est alors qu’une voiture s’arrête. Un homme en descend une machette à la main, nous ouvre les noix et s’en va en nous remerciant de visiter son pays. Nous nous asseyons pour déguster le délicieux nectar, abasourdis par cette rencontre aussi furtive qu’inespérée. ‘’

Jusqu’au bout de la péninsule de Nicoya

13-Jan-2015 04:39, Canon Canon PowerShot SX240 HS, 4.5, 11.58mm, 0.002 sec, ISO 125
 

Après les séparations, notre nouveau duo composé de Sam et Coco a donc un bon mois pour parcourir ce petit pays de l’isthme américain. Entre les deux péninsules du littoral pacifique, les montagnes et chaînes de volcans plus au centre et la côte caraïbe, il y a de quoi faire et les deux compères ne sont pas à un détour près. C’est bien simple, ils veulent tout explorer. Leur première étape les mènera jusqu’à Playa Hermosa au sud de la péninsule de Nicoya où les attendent des amis Québécois de Samuel.

De Quesada, comme nous l’ont conseillé les pompiers rencontrés la veille, nous revenons légèrement sur nos pas afin de pouvoir contempler le volcan Arenal. En chemin, nous passons par La Fortuna, ville touristique où se succèdent bars, hôtels et établissements thermaux. À la nuit tombée, nous n’avons toujours pas de lieu où dormir. Pour arranger le tout, il se met également à pleuvoir. Néanmoins, nous trouvons refuge dans une fabrique de béton. Carmelo nous accueille bras ouverts dans l’entrepôt où il est employé la journée et gardien la nuit. Il est l’un des nombreux Nicaraguayens venus au Costa Rica à la recherche d’un meilleur emploi.

12-Jan-2015 22:50, Canon Canon PowerShot SX240 HS, 4.5, 16.589mm, 0.001 sec, ISO 125
 
Le lendemain nous repartons dans les nuages, et n’aurons malheureusement aucune visibilité du volcan. Par contre, la route qui longe le lac Arenal est très agréable; elle serpente au milieu d’une jungle humide et dense. La végétation luxuriante forme un imposant mur vert de chaque côté et nous nous enfonçons ainsi jusqu’au nord-est de la retenue d’eau d’où nous rejoindrons la route qui borde la cordillère de Guanacaste (via un petit chemin de pierre). Il est bon de savoir que les voiries asphaltées, bien qu’étroites, sont généralement en bon état. Mais dès que nous nous aventurons hors des sentiers battus, il est difficile de savoir à quoi s’attendre. Les pentes deviennent impossibles et il n’est pas rare de nous voir pousser nos montures. Il arrive aussi de devoir traverser des ruisseaux ou rivières pour se rendre à destination…heureusement que nous sommes en saison sèche ! À San Rafael de Guatuso, nous dormons à la croix rouge où nous rencontrons Esteban et Kendall qui nous offrent notre premier Gallo Pinto. À Upala, nous passons la nuit dans l’église du village, accueillis par un prêtre polonais. Finalement, nous arrivons de l’autre côté de la cordillère. Le changement est brusque. Nous venons de passer quatre jours la tête dans les nuages en faisant attention à trouver un abri pour éviter les fortes pluies qui accompagnent souvent la tombée de la nuit.

15-Jan-2015 21:53, Canon Canon PowerShot SX240 HS, 4.5, 16.177mm, 0.001 sec, ISO 100
 
Mais à partir de La Cruz, c’est tout le contraire. Il n’y a plus un nuage, la végétation est toute sèche et la chaleur est accablante. Nous n’aurons plus aucune réticence à camper, comme ce fut le cas ce soir-là tout proche de Liberia où notre voisin du soir nous offrira café et bananes plantains frites (patacónes)…hum un régal ! De surcroît, nous ne rejetons pas les invitations et lorsque Carlos nous surprend à réparer crevaisons et rayons brisés, c’est avec plaisir que nous l’accompagnons à sa demeure à proximité de Nicoya, afin de partager un repas copieux et une bonne soirée avec sa famille. C’est en repartant le lendemain matin que les choses se compliquent légèrement. Clément enchaîne les crevaisons alors que la spécialité de Sam, c’est le cassage de rayon. Le soleil chauffe de plus en plus, la route est davantage vallonnée et se transforme en chemin dès Samara. À partir de là, il n’y a plus aucune indication. Alors, bien sûr, nous nous perdons, effectuant un détour de 14km. Sur le papier, ça ne paraît pas grand chose, mais croyez-nous, à ce point-là nous sommes littéralement épuisés.
18-Jan-2015 06:41, Canon Canon PowerShot SX240 HS, 5.0, 26.448mm, 0.013 sec, ISO 100
 
D’ailleurs, nous arriverons à Playa Hermosa avec un jour de retard. Peu importe, nous nous ressourçons à la vue des paysages magnifiques observés du haut des buttes si difficiles à atteindre. Nous faisons également de nombreuses pauses à la recherche des singes hurleurs que nous recherchons lorsque nous les entendons crier ou encore pour se baigner sur ces plages autant désertiques que paradisiaques. Puis, il y a les rencontres, toujours. Notamment Angela et sa famille qui nous hébergent le temps d’une nuit à Islita (difficile de communiquer en espagnol lorsque chaque membre de la famille suit un programme télévisé différent sur plusieurs écrans dans la même pièce) ou encore Manuel qui nous offrira une machette grâce à laquelle nous pouvons enfin déguster à souhait les noix de coco (faut-il encore qu’elles soient à terre !!). Les rivières que nous redoutions tant de traverser sont en fait une bénédiction. Certes, il faut décharger toutes les sacoches à chaque fois mais nous profitons grandement du rafraîchissement qu’elles nous procurent. Enfin, après quatre kilomètres de vélo à même la plage, nous arrivons à Playa Hermosa, chez Manuel (Québécois installé au Costa Rica depuis neuf ans) où Samuel retrouve ses amis Lise, Jean Sébastien, Joachim, et Evan. Nous restons quatre jours sur place où nous en profitons pour améliorer notre équilibre sur une planche de surf ou échanger sur les différences culturelles franco-canadiennes une bière à la main. Bref, nous rechargeons les batteries, d’autant plus que c’est la première fois que Sam revoie des visages familiers après neuf mois de voyage.

De péninsule en péninsule

Notre prochain objectif est d’atteindre la péninsule de Osa, plus au sud du pays, toujours sur la côte pacifique. Tout d’abord, nous devons sortir de la péninsule de Nicoya, ensuite, nous filerons le long des plages du soleil couchant et, enfin, nous serpenterons dans la jungle avant de s’accorder un peu de repos sur les grèves plus sauvages de l’avancée de terre.

17-Jan-2015 05:38, Canon Canon PowerShot SX240 HS, 5.0, 18.727mm, 0.017 sec, ISO 200
 
Le 22 Janvier nous reprenons nos montures à qui la dernière pause a également fait le plus grand bien. Les rayons brisés sont remplacés, les chambres à air percées sont de nouveau utilisables et les chaînes, une fois nettoyées, paraissent quasiment neuves. Nous repartons vers le sud de la péninsule de Nicoya jusqu’aux abords du parc national Cabo Blanco en empruntant un chemin de pierres qui aura tôt fait de remettre nos vélos dans un état pitoyable. Nous poussons jusqu’à la plage de Monte Zuma où nous déjeunons avant de nous jeter dans les chutes d’eau non loin de là. Dans l’après midi, nous rejoignons enfin une route asphaltée que nous suivrons jusqu’à la plage Pichote. Alors que nous plantons nos tentes à même la plage, nous rencontrons un couple de Belges qui travaillent dans le petit village en tant que bénévole. Nous échangeons brièvement sur nos diverses expériences de voyage mais très rapidement nous filons nous coucher. Nous n’avons effectué que 55 kms aujourd’hui et sommes littéralement épuisés. Le lendemain matin, nous arrivons à Paquera où nous désirons prendre le traversier pour nous rendre à Puntarenas de l’autre coté du golfe de Nicoya. En constatant qu’il est payant d’apporter son vélo à bord, nous partons à la recherche d’un sympathique conducteur qui voudra bien hisser nos montures dans sa remorque. Après seulement un refus, nous trouvons notre bon samaritain et embarquons, tout content de cette économie.

24-Jan-2015 23:52, Canon Canon PowerShot SX240 HS, 6.3, 68.142mm, 0.006 sec, ISO 100
 
La côte pacifique est bondée de longues plages au sable fin, de cocotiers, de papayers et de nombreux parcs nationaux, tout en étant envahie par les touristes. Néanmoins, nous n’avons clairement pas fait tout ce trajet pour rencontrer des Nord-Américains ou Européens en villégiature dans des tout inclus. Nous préférons l’authenticité des cultures locales et des paysages vierges. Puis, pour ce qui est à trait aux parcs nationaux, ils ont l’air très beaux et nous y mettrions volontiers les pieds si leur accès n’était pas aussi cher. Ainsi, d’un commun accord, nous accélérons légèrement le rythme, d’autant plus que la route est relativement plate. Nous nous arrêtons quand mêmes par-ci par-là pour profiter des plages en se faisant brasser dans les grosses vagues qui attirent tant les surfeurs. Peu de temps avant d’atteindre la ville de Jaco, nous croisons une rivière infestée de crocodiles. Ils sont impressionnants, vraiment énormes. C’est alors que Sam, en se penchant par-dessus la rambarde, échappe ses lunettes de soleil… c’est la gaffe classique et Clément n’en peut plus de rire. Après un dernier coup d’œil jeté aux gigantesques reptiles, Sam refusera d’aller chercher ses lunettes. Nous continuons ainsi notre route au travers des immenses plantations de palmiers utilisés pour la confection d’huile (de palme), en prenant soin d’éviter les plus grandes stations balnéaires.

18-Jan-2015 04:41, Canon Canon PowerShot SX240 HS, 6.8, 90.0mm, 0.013 sec, ISO 800
 
La péninsule de Osa est beaucoup plus sauvage, moins peuplée, géographiquement isolée ainsi que dépourvue de ces plantations de palmiers. La nature nous y semble plus proche, plus accessible. A notre grand bonheur, nous apercevons plusieurs espèces animales tropicales. Que ce soit l’ara, ce grand perroquet aux couleurs vives, le toucan, avec son énorme bec ou ces autres oiseaux plus petits mais toujours aussi colorés, nous sommes choyés. Nous pouvons également observer des singes, principalement des hurleurs ou de petits capucins. S’ajoutent à cela plusieurs types d’iguanes. Depuis notre entrée sur la péninsule, la route slalome, grimpe, descend et remonte au travers d’une épaisse jungle. Par moment, aux pics des collines, nous pouvons contempler le bras de mer, au bleu profond, s’immiscer entre la péninsule et les 20 derniers kms de terre du Costa Rica. C’est magnifique. Nous nous arrêtons dormir dans la cours d’une école avant de repartir en direction de Puerto Jimenez, seule ville du coin. Nous en profitons pour faire le plein de vivres et, alors que le temps se fait menaçant, nous allons chercher refuge chez les pompiers. Arrivés ici, nous ne sommes pas en très bon état. Sam, n’ayant plus ses lunettes de soleil, a pris une bestiole dans l’œil, ce qui l’irrite vivement. Quand à Clément, il s’est franchement entaillé la cheville avec la pédale de son propre vélo. Le lendemain, nous continuons tout de même jusqu’à la plage Pan Dulce, à une quinzaine de kilomètres plus loin, en empruntant un chemin de terre (beaucoup plus praticable cette fois-ci). Sam passe l’après-midi à se reposer, allongé sur le sable, sous les cocotiers. Clément, une fois de plus, répare un rayon, puis s’en va explorer les alentours, à pieds, pour varier les plaisirs. Enfin, nous campons sur la plage où personne ne viendra nous déranger.
30-Jan-2015 07:06, Canon Canon PowerShot SX240 HS
 
Le jour suivant, nous rebroussons chemin, à la recherche d’une autre plage afin de savourer une nouvelle journée de repos. Notre choix se porte sur la plage Colorado. En chemin, nous rencontrons un Tico qui nous interpelle pour nous montrer un oiseau Estaca. Il s’agit d’un rapace qui se confond totalement avec le bois. D’ailleurs, il nous aura fallu toutes les peines du monde avant de comprendre où regarder. Il faut dire qu’il est très rare d’observer ce spécimen qui ressemble plus à une statuette qu’à un oiseau. Quelques clichés plus tard, nous poussons nos vélos sur le sable jusqu’à un petit carbet où nous passerons la nuit. Ce soir là, le dernier passé sur la péninsule, nous faisons un feu et nous nous délectons de noix de coco ramassées un peu plus tôt dans la journée.

Retour par la capitale

Le prochain défi que nous nous fixons est de taille, 3345 mètres pour être précis ! En effet, nous voulons remonter jusqu’à San Jose, capitale du Costa Rica située au centre du pays, en prenant la route des montagnes. Nous devons ainsi gravir le Cerro de la Muerte (littéralement colline de la mort). A son nom, nous appréhendons déjà le pire. Les locaux nous en parlent fréquemment en nous annonçant une épreuve vraiment difficile. « C’est haut, c’est pentu, il y fait froid et il s’agit là de la route la plus dangereuse du pays » sont les commentaires qui reviennent le plus souvent. Peu importe, nous nous y lançons. Dès l’entrée des deux compères sur le territoire Costa Ricain, l’idée de grimper cette montagne les titillait déjà.

31-Jan-2015 06:49, Canon Canon PowerShot SX240 HS, 6.8, 90.0mm, 0.005 sec, ISO 1250
 
A la sortie de la péninsule de Osa nous remontons plein nord par une route parallèle à celle qui longe la côte pacifique, située plus dans les terres. Les premières étapes se passent tranquillement malgré la chaleur accablante. Nous trouvons néanmoins quelques rivières qui croisent notre route, descendant tout droit des montagnes, pour se rafraîchir. Il est même parfois difficile de se baigner tellement le contraste est marqué entre la température ambiante et l’eau gelée des torrents. De plus, nous trouvons facilement des endroits où passer la nuit. Que ce soit chez les pompiers de Palmar Norte, de San General de Isidro ou encore à la croix rouge de Buenos Aires, nous sommes très bien accueillis et partageons de sympathiques soirées accompagnés de nos hôtes. D’ailleurs, nous repartirons de Buenos Aires les sacoches chargées d’un énorme melon et d’un fruit de Cacao. Arrivés à San General de Isidro, nous nous préparons mentalement pour la journée du lendemain. L’ascension commence d’ici et se poursuit sur les 48 prochains kilomètres avec une pente de 5.6% de moyenne pour un dénivelé positif de plus de 2600 mètres. C’est donc au petit matin du 3 Février, sur les coups des 8h que nous nous élançons. La température est idéale et la pente relativement constante, en comparaison avec les inclinaisons de fou-furieux que nous avons pu croiser au Guatemala. Aussi, la voie entière nous appartient.
05-Fév-2015 02:39, Canon Canon PowerShot SX240 HS, 5.0, 22.017mm, 0.005 sec, ISO 100
 
La route s’étant effondrée sur l’autre versant de la montagne, le trafique est très faible, rendant l’étape agréable. Néanmoins, l’ascension n’est pas de tout repos, aussi bien pour les bonhommes que pour le matériel. En effet, Sam cassera un de ses rayons de la roue arrière, et, n’ayant pas l’outil nécessaire, nous partons à la recherche d’un mécanicien pouvant nous prêter main forte. Nous le trouverons à quelques encablures plus loin et la réparation prendra une petite heure. Clément la mettra a profit en ronflant sur le canapé de la cour extérieur. C’est que nous en sommes déjà à une trentaine de kilomètres de grimpette dans les gambettes. D’ailleurs, en repartant de là, les paysages changent totalement, les palmiers et la végétation luxuriante laissent places à de plus petits arbustes et aux pins. Le rythme également n’est plus le même, la fatigue arrive et à chaque virage, le froid se fait sentir un peu plus. Pour ne rien arranger, le vent se lève et le ciel se noirci dangereusement. Il est temps de trouver un endroit sûr où camper. Nous trouvons refuge dans une petite ferme, non loin du sommet. Nous avons accès à une douche froide, (vraiment froide) et heureusement à une cuisine où nous préparerons nos soupes instantanées favorites (qui auront tôt fait de nous réchauffer). Après quoi, nous nous habillons chaudement et nous nous effondrons dans nos tentes respectives. Le matin suivant, nous effectuons les derniers kilomètres qui nous séparent du sommet. Nous prendrons le temps de grimper un peu plus haut, à pied, pour observer les paysages et savourer l’effort accompli.

04-Fév-2015 06:08, Canon Canon PowerShot SX240 HS, 4.0, 9.551mm, 0.001 sec, ISO 100
 
Du point culminant, nous nous élançons pour une descente de presque 60 Km, le nez en l’air, à contempler les vallées environnantes. Quel bonheur de se laisser griser par la vitesse après une telle dépense d’énergie. C’est en fin d’après-midi que nous atteignons San Jose où nous nous empressons de rejoindre l’appartement d’Evy, dans le quartier de Desamparados. Nous l’avons contacté quelques jours auparavant via le site internet Warmshowers et nous ne regrettons absolument pas notre détour par la capitale. Bien sur, comme d’habitude, il est difficile de circuler dans une agglomération où vivent quelques 2 millions d’habitants. Surtout que nous perdons quasiment une journée à tourner dans les rues de San Jose à la recherche de matériel de camping pour Samuel (que nous ne trouverons pas). Par contre, l’accueil que nous réservent notre hôte et ses deux filles nous laissera un souvenir tout autre. Au programme, petits plats préparés avec soin, jeux de cartes, franches rigolades et danse au beau milieu du salon de coiffure. En effet, Evy est coiffeuse et vit dans un micro-appartement composé d’une chambre avec mezzanine, d’une cuisine et d’un salon de coiffure, dans un cadre très convivial. C’est trois jours plus tard que nous repartons en direction de la côte caraïbe où devrait nous rejoindre Jeremy.

Côte Caraïbe, retrouvailles et vacances

29-Jan-2015 00:44, Canon Canon PowerShot SX240 HS, 6.8, 90.0mm, 0.006 sec, ISO 800
 
De San Jose, situé à 1200 m d’altitude au centre du pays, nous partons plein est au travers d’une végétation dense et très humide. Les vents soufflant généralement d’est en ouest ramènent peu à peu les nuages de l’océan atlantique qui s’agglutinent contre les montagnes. De ce fait, le climat de la côte caraïbe est beaucoup plus pluvieux, plus lourd, rendant l’atmosphère pesante. En reprenant notre route vers la côte, nous savons que nous avons encore plusieurs jours devant nous avant de rejoindre Jeremy. Alors, lorsque nous apercevons un petit chemin s’engouffrer dans la jungle le long d’une rivière (à proximité de Guapiles), nous sautons sur l’occasion. Au bout de ce sentier, nous y trouvons trois habitations, sans électricité et eau courante. Dans l’une d’elle vit Geovany qui nous ouvre ses portes, tout sourire, en nous lançant de grand Pura Vida ! Il nous propose de rester autant de temps que nous le désirons dans la deuxième maison située sur sa propriété qui possède une grande terrasse en bois. De là, nous pouvons garder à l’œil les crues de la rivière et observer les différents oiseaux de passage dans la forêt. Ici, le temps passe sans que nous nous en apercevions. Nos journées sont ponctuées de baignades, mais concrètement, nous ne faisons pas grand-chose, ce qui nous va à merveille.
10-Fév-2015 21:18, Canon Canon PowerShot SX240 HS, 4.0, 4.5mm, 0.033 sec, ISO 200
 
Puis, vient le 9 Février, jour du 21eme anniversaire de Samuel. Nous nous empressons alors de rejoindre Guapiles (à une quinzaine de Km de là) pour acheter nourriture et une bouteille de rhum. Nous retournons festoyer comme il se doit et le nectar de canne nous aide à nous rappeler les bons moments partagés dans ce pays. Nous passons une journée de plus pour récupérer avant de s’élancer vers Puerto Limon, lieu de rencontre avec Jeremy.

Nous mettons deux jours pour y arriver. La population noire est beaucoup plus présente ici, héritage de l’esclavagisme qui a sévit dans le secteur des caraïbes durant 4 siècles. Les locaux y parlent le spanglish, mélange d’espagnol et d’anglais. Franchement, il faut s’accrocher pour comprendre. La ville de Puerto Limon est le plus gros port du pays. Le centre est de type colonial mais l’humidité omniprésente a terni les couleurs vives de la plupart des bâtiments. En fait, la ville parait quelque peu délabrée. Pour ne rien arranger, il se met à tomber des cordes. Les pompiers, la croix rouge et l’église refusent de nous donner un abri pour la nuit. Par contre, on nous redirige vers une mission de la Mère Theresa. Nous y partageons le repas du soir et la nuit accompagnés des bonnes sœurs et des sans abris de la ville. Clément se voit même proposer des vêtements de rechange pour remplacer ceux troués qu’il a sur le dos. Gêné, il refusera poliment… il y en a d’autres qui en ont bien plus besoin. Le lendemain, Sam s’en va seul en direction du Panama. Son autorisation de séjour au Costa-Rica arrive à son terme et la solution de sortir du pays pour y entrer de nouveau est la plus simple et la moins onéreuse. Clément et Jeremy, quant à eux, se rejoignent en fin d’après-midi et reprennent la route le matin suivant jusqu’à la maison de Geovany, où Samuel les rejoindra le lendemain.

11-Mar-2009 19:09, GoPro� YHDC5170, 3.6, 5.0mm, 0.001 sec, ISO 100
 
Les trois larrons, de nouveau réunis, laissent leurs bicyclettes chez Geovany et prennent le bus en direction de l’aéroport de San Jose. Marie-Florence et Anaëlle, mère et sœur de Jeremy, les rejoignent pour les deux prochaines semaines. Nous retournons tout d’abord sur la péninsule de Nicoya pour se prélasser sur la plage de Nosara et tenter de battre notre record de 2.8 secondes debout sur une planche de surf. Ensuite, nous nous enfonçons dans la jungle du parc national de Monte Verde. Non loin de là, nous nous offrons une petite décharge d’adrénaline en sautant à l’élastique avec une vue imprenable sur la vallée. Une première pour Samuel pour qui le paysage restera au second plan. Aussi, nous repassons sur la péninsule de Osa afin de d’observer le plus d’animaux possibles. Enfin, nous rejoignons Guapiles où nous passerons une dernière nuit de camping tous ensemble. Et oui, les vacances sont déjà finies. Nous remercions chaleureusement la famille de Jeremy avant de repartir, en pleine forme, en direction du Panama. Faut dire que quand Marie et Ana se mette au fourneau, on refait vite le plein d’énergie.

C’est à travers les plantations de bananiers peu de temps avant d’atteindre la frontière du Panama que nous faisons le point sur le pays que nous venons de parcourir de long en large. De prime abord, nous étions légèrement réticents de rester aussi longtemps dans un lieu de choix pour les touristes du monde entier. De plus, le prix de la vie, comme on nous l’avait annoncé auparavant est clairement plus élevé que dans les autres pays d’Amérique centrale. Pourtant, la beauté des plages, la diversité des paysages, la faune omniprésente et la gentillesse des Costaricains ont fait de notre voyage au pays des Ticos un séjour inoubliable.

26-Fév-2015 20:00, Canon Canon EOS 550D, 6.3, 25.0mm, 0.01 sec, ISO 400
 

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Posted under: Am. Centrale, Costa Rica, Journal, Par pays

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One comment

  • KrisNo Gravatar on mai 13, 2015 at 2:17 said:

    Cómo bueno ver tu blog y tus fotos! Espero que todo va bien con sus viajes. Cedo pregunta por ti y estará contento de ver sus fotos también.

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