Samedi 13 Avril, 11h54
Après une semaine de voyage à travers la France, nous faisons notre première pause à Gallardon, dans les environs de Chartres, chez nos amis Aurore, Sébastien et leur fille Eléa. Même si ultérieurement nous ne publierons vraisemblablement pas une entrée de journal de façon hebdomadaire, il nous semblait important de partager avec vous cette première semaine d’aventure, nos impressions, nos rencontres et nos premiers aléas.
Récit détaillé de ces six premiers jours humides.
1er Jour : Le froid, l’émotion et les premiers kilomètres
Le 06 Avril 2013, au petit matin. Il est bientôt 08h30 et un curieux attroupement se forme sur la place du marché de Léognan. Quelques coups de klaxons (merci Gégé) annonce notre départ. C’est avec le coeur gros que nous partageons nos derniers moments avec nos proches. Nombreux sont les amis et la famille à s’être déplacés dans le froid matinal pour venir nous faire un dernier coucou. Un petit café, quelques petites photos, une ou deux larmes cachées mais surtout beaucoup de bonheur sont échangés. 9h pétante, nous voilà partis pour notre grande vadrouille à travers le
monde sous la haie d’honneur. Clément raconte : « 8h10, je suis occupé à monter mes sacoches sur les portes bagages quand Gooby passe me chercher chez mes parents. Dès son arrivée, il se met à me chambrer, faut bien avouer que je ne suis pas très bavard, les traits du visage sont tirés, la pression est à son apogée !! Ça y est, tout est prêt, on s’élance sur nos bolides direction le marché de Léognan pour de dernières chaudes accolades. Beaucoup d’amis sont déjà présents, et d’autres continuent d’arriver ainsi que la famille ; c’est l’estomac noué que je bois mon café en échangeant quelques mots avec le plus de monde possible. Une dernière photo au milieu de tous ceux qui vont nous manquer suivi des au-revoirs. Je ne peux m’empêcher de lâcher quelques larmes en serrant dans mes bras mes parents ainsi que les amis les plus proches. On chevauche nos vélos pendant que tout le monde forme une haie d’honneur. Cette fois on y est, c’est le grand départ…ouf la pression redescend dès les premiers kilomètres !! »
A peine quelques kilomètres effectués avec Nicolas, le seul courageux à nous accompagner dans le froid, nous voilà déjà interrompus. Pierre et Joël, président d’honneur et co-président du club de rugby de Léognan, nous alpaguent sur la route pour nous offrir deux maillots. Nous les remercions par une franche et sincère accolade et repartons de plus belle. Une grosse étape nous attends. Une dernière photo en passant sur le pont de pierre : A bientôt Bordeaux, Bonjour le monde !! Le froid ne nous quitte pas de la journée, et après 110 Km, c’est harassés que nous parvenons aux alentours de 19h à Réaux, du coté de Jonzac, dans le vignoble cognacais chez nos premiers hôtes Marianne et David. Contactés via couchsurfing, le courant passe très bien et rapidement nous voilà autour de l’apéro racontant chacun nos rêves et nos aventures. Une soirée mémorable s’en suit : raclette, pinault, humour, chorégraphie et un petit sec pour finir en beauté. Nous nous couchons fatigués et le ventre plein : un vrai bonheur 🙂
2ème jour : Les premières côtes charentaises.
Nous remercions nos hôtes vers 9h30 et partons pour rejoindre Ruffec. 90 Km au programme. Le froid et la grisaille sont toujours présents, mais pas de pluie à l’horizon. Rapidement, nous constatons que, quoi qu’en disent certains, la France ce n’est pas plat !!! Certes, il ne s’agit que de petites collines, certains diraient mêmes des « colinnettes », mais harnachés avec 28Kg de
bagages, chaque butte est une véritable épreuve !! Nous ne pouvons nous empêcher d’exploser de rire quand nous croisons nos regards hagards : » Dire que des cols à 3000m nous attendent, et on en chie sur des collines à 150m… ». Mais un coup de pédales après l’autre, nous progressons. Un petit pique-nique sur les bords de la Charente à Jarnac (merci à Marion et sa grand-mère pour les patés) et nous arrivons fourbus à Ruffec après 5h de vélo. Nous rencontrons Mathilde et Marc, contactés également via couchsurfing, qui nous hébergent pour la nuit. Discussions animées sur des sujets variés autour d’une fameuse soupe à la courgette (mais si Mathilde !!), la bonne ambiance règne. Nous sommes d’ores et déjà conquis par la générosité des personnes qui nous accueillent.
3ème jour : Premières gouttes de pluie et rencontre avec un routard expérimenté. Après avoir remerciés nos hôtes, nous partons direction Poitiers. Petite étape ce lundi : 70 Km. Ce n’est pas plus mal. nos cuisses commencent à ressembler à deux blocs de béton. Un petit vent dans le dos nous permet d’avancer correctement quand la pluie pointe alors le bout de son nez…Aarff, il fallait s’en douter !!! Après deux jours de froid, nous continuons sous la grisaille humide. Le midi, nous nous faisons plaisir : petit arrêt dans une auberge à la Ferrière-Auroux, nous dépensons quelques-uns des tickets restaurants qu’ils nous restent tout en se réchauffant près de la cheminée autour d’un verre de rouquin : sportifs oui, mais il ne faut pas oublier l’essentiel 🙂
Arrivés à Poitiers, ville magnifique au bord du Clain. Nous longeons le joli chemin des 4 roues (coïncidence?) pour rencontrer Mireille et Gilles. Ils nous accueillent dans leur sympathique maison, et tout de suite nous mettent dans l’ambiance. Ce sont deux cyclotouristes chevronnés. Gilles a roulé sur tous les continents au cours des 10 dernières années. Autour d’un café, puis de l’apéro dinatoire avec Catherine la voisine, tous partagent avec nous leurs expériences de la route. Rencontres, rêves, partages, nous passerons une magnifique soirée sous l’égide du voyage.
4ème jour : Dans la Touraine, La pluie et le vent s’intensifient
Suivi de Gilles sur les premiers kilomètres jusqu’à la sortie de Poitiers, nous partons direction Tours. Notre itinéraire a été revu : Gilles, en cyclotouriste averti, nous a conseillé de passer à travers la campagne, nous rallongeant un peu notre étape mais surtout nous permettant de profiter de beaux paysages et de routes peu usitées. Rapidement la pluie se joint à nous…puis s’intensifie…puis s’intensifie encore !!! Nous ne voyons pas à plus de 100m tellement la pluie tombe drue!! Et soudainement, un camion, que nous avions pourtant vu arriver, passe près de nous et c’est la douche, non même le bain instantané !! Coco raconte : »Satané camion, Gooby étant devant j’ai à peine le temps d’esquisser un sourire que vient mon tour…c’est pire qu’Aqualand ! »
Nous ne pouvons nous empêcher de rigoler. C’est comme dans les films !!
Nous décidons d’augmenter alors l’allure, non seulement pour se tenir chaud, mais parce qu’aussi le temps ne semble pas s’améliorer. Après une courte pause le midi, nous repartons, transis de froid et toujours sous la pluie. Le vent la rejoint et nous voilà ballotés comme de pauvres hères de gauche à droite du chemin. Le premier drift du vélo nous fait sourire, mais rapidement nous devons rouler sur une route un peu plus empruntée. La concentration se doit d’être là. Les camions créés des grands trous d’air, nous finissons trois fois sur le bas-coté à râler et incendier les automobilistes qui passent très près de nous. Gooby raconte : « C’était vraiment chaud ! En plus j’avais plus de jus dans les cannes, cela faisait 30 bornes que je suivais Coco…Complétement occis, l’aspiration est encore plus impossible à contrôler !« .
Nous arrivons après 110 Km chez l’oncle de Coco, au Sud de Tour,s étape éreintante !! Nous passons une agréable soirée en compagnie de la famille de Clément autour d’un petit crémant du pays de la Loire et d’un bon petit plat consistant.
5ème jour : Les châteaux de la Loire…sous la pluie
Mercredi, petite étape prévue : 60 Km. Nous allons vers Blois, où la tante de Coco nous a trouvés une personne pour nous héberger. Nous en profitons pour faire un léger détour par les châteaux de la Loire. Jusqu’à Chenonceaux (qui est sur le Cher en passant), tout va bien, premier chemin, pique-nique au bord du magnifique édifice, tout est nickel !
C’est en repartant que les ennuis commencent. Tout d’abord, nous récupérons notre indécrottable amie de cette première semaine : la pluie… Elle ne nous quittera plus jusqu’au soir !! Puis Clément commence à sentir une légère douleur au dessus du genou. Nous faisons immédiatement une pause pour tenter de régler au mieux sa selle. Il faut savoir que la plupart des douleurs des cyclistes ont pour cause un mauvais réglage de selle : trop haute, trop basse, trop en avant, en arrière, trop inclinée…En passant devant le château d’Amboise, nous en profitons pour faire un arrêt express dans une pharmacie pour acheter des anti-inflammatoires. Enfin, en suivant le circuit touristique, nous avons rallongé notre étape. Au total 90 Km dans la journée, ce qui est largement au dessus de ce que nous avions prévu.
Nous continuons notre périple sous la pluie qui s’intensifie et c’est trempés comme des soupes, dans la douleur pour Coco, que nous arrivons à Blois chez Marie-Do. Encore une fois nous avons droit a un accueil royal !! Marie-Do, après un café, part travailler car elle bosse de nuit. Elle nous laisse carrément les clefs de sa maison en nous recommandant de ne pas hésiter à vider son frigo. Malgré quelques réticences, nous suivons donc son conseil !! Crevés, à 22h30, nous tombons dans les bras de Morphée.
6ème jour : La Beauce, la pluie et la douleur
Grosse étape prévue aujourd’hui. Nous souhaitons rejoindre directement Gallardon, dans l’Eure-et-Loir, où nous attendent des amis et surtout notre premier repos. Coco s’est enrubanné d’anti-inflammatoires durant la nuit, et la douleur au petit matin a disparu. Ouf ! Quelques réglages, sur les vélos, notamment sur les freins, qui ont beaucoup souffert avec la pluie des derniers jours (Clément est arrivé sans freins à Blois), nous remercions Marie-Do de retour de sa nuit de travail, et nous partons à la fraîche sous une bruine incessante.
Après 20 kilomètres, Clément commence à sentir son genou, Aïe, la tuile ! Nous sommes perdus au milieu de la Beauce, pas un chat à l’horizon, et malgré nos multiples tentatives de réglage sur sa selle rien n’y fait. Clément, au mental, continue tant bien que mal, sur une patte pendant encore 20 bornes. Il raconte : « Dès les 20 premiers kilomètres je voyais Gooby me distancer, je continuais à pédaler la tête dans le guidon tout en sachant que si je m’arrêtais ce serait très dur de repartir..En vain, la douleur s’accentuait et je ne pouvais pas m’empêcher de penser à la suite du périple. ». Au kilomètre 40, nous prenons une décision, Coco va faire du stop pour rejoindre une gare et arriver à Gallardon en train. Coup du destin, après une tentative manquée auprès d’un routier hollandais, nous tombons rapidement sur Tonio, qui se propose de charger le vélo et d’embarquer Coco dans sa camionnette direction Chateaudun. Le coeur gros, aux bords des larmes, il rejoint Chartres en bus. prend quelques photos de la cathédrale, fait quelques rencontres et reprend le car pour Gallardon.
Pendant ce temps, Jérémy enfourche son vélo et traverse la beauce équipé de sa musique. Il raconte : « J’étais blazé pour Coco, et partant bille en tête comme pour se venger de la route, accompagné de Jimmy, Toots, Georges et Amadeus, je suis rentré un peu dans ma transe… La Beauce par les petites routes, c’est plat… et sous la pluie c’est morne… à part les faisans qui pointent leur becs, rien..rien pendant 90 Km…Tiens un clocher… encore 10 Bornes jusqu’au prochain hameau…j’arrive à Gallardon sur les rotules…nous ne sommes pas encore prêt pour faire des étapes de cette taille là »
Étonnamment, nous arrivons en même temps à Gallardon. Quelques mots échangés pour se raconter cette journée, et 5 minutes plus tard, Sébastien et Aurore se pointent. Ils vont nous héberger pendant 3 nuits. Nous passons la soirée à raconter notre histoire et les derniers potins et nous nous endormons comme des souches.
7ème jour : Le repos
Avec plus de 500 kilomètres parcourus sur cette première semaine, nous profitons de notre première grasse matinée… Nous n’entendons ni Eléa, la fille de nos hôtes, pleurer pendant la nuit,
ni Sebastien et Aurore lorsqu’ils partent bosser le matin. Nous profitons de cette journée pour donner des nouvelles et en prendre du genou de Clément. après un passage chez le médecin, le verdict tombe : petite tendinite au-dessus de la rotule, vraisemblablement dû à des réglages à peaufiner sur le vélo. Nous espérons que ces quelques jours de repos vont permettre à Clément de
récupérer. Le moral est de toute façon au beau fixe. Malgré une semaine dans le froid et la pluie, les rencontres formidables que nous avons faites ne font qu’alimenter notre ardent désir de continuer notre aventure !! Ne dit-on pas : « Après la pluie vient le beau temps » !
Jérémy et Clément
Magali on avril 13, 2013 at 5:00 said:
Hello les aventuriers!
Quelle première semaine! ça fait vraiment plaisir de vous lire et surtout de voir que vous êtes, certes fatigués, mais heureux. Profitez bien de ces quelques jours de repos et nourrissez-vous de toutes les belles rencontres qui vous attendent. Et de temps en temps donnez des news car ici personne ne vous oublie… On a bien pensé à vous pendant le concert de Ken Boothe…
Bonne route les gars, des bisous
Magali
Gooby on avril 13, 2013 at 7:31 said:
Merci Mag,
Ce concert devait être énorme 😉
Bises
Jérémy
Marie on avril 13, 2013 at 10:10 said:
Super récit!! J’espère que Coco va se remettre et que vous allez vous poilez à 100% 😀 ! Je pense fort à vous et je raconte vos aventures tout autour de moi… Au plaisir de vous lire très vite.. Gros bisous les copains!!!
Coco on avril 14, 2013 at 12:34 said:
En mode repos intensif…le genou va s’en remettre, c’est certain !! Grosses bises
gonzague on avril 13, 2013 at 11:42 said:
bravo les gars! j’ai loupé votre départ désolé mais je vous suis par internet, courage le printemps est dans vos roues et ne va pas tarder a vous ratraper. Profitez et savourez les bons et les mauvais moments qui ne peuvent être qu’exeptionnels dans de tels conditions. Je vous envie grave…
bises et bonne route
Coco on avril 14, 2013 at 12:33 said:
Pour le moment ça se poil comme il faut…en espérant que le printemps arrive à attraper notre roue 😉
nadege on avril 14, 2013 at 4:24 said:
Super récit de cette première semaine…j’espere que la météo vous sera plus favorable dans les jours a venir 🙄
bon courage a tous les 2
Nadège et la cie
Gooby on avril 14, 2013 at 5:42 said:
Merci Nadège (et Cie) ! Le temps à l’air de s’améliorer, on va pouvoir sortir les lunettes !! 🙂
Biz
Sistergoob on avril 14, 2013 at 7:30 said:
Trop cool ce journal, je vous envie d’etre partis ! Les revisions du bac c’est pas drole du tout, pleins de bisous a vous et en espérant que le soleil soit avec vous pour le reste du trajet 😀
Gooby on avril 15, 2013 at 11:28 said:
Merci Ana,
Et courage !! Le Bac aussi est une aventure 😉
Bises
elise.pepay on avril 15, 2013 at 1:47 said:
Vous êtes de loin ce que j ai lu de mieux depuis longtemps 🙂 . C est d’ailleurs très emouvant de vous lire et ça me permet de m évader . Merci de nous faire vivre cette merveilleuse Aventure . Pleins de bisous virtuels pour vous donner du courage ! romain, clément et elise papaye marquassin Allez .. Allez … Allez !! Go go ooooooo!!! 😛
emma on avril 16, 2013 at 10:53 said:
merci beaucoup pour votre récit … et dire que ça va durer 2 ans et demi… jme rends pas bien compte en fait. J’espère que ton genou va mieux coco. Des bisous
Coco on avril 29, 2013 at 9:47 said:
Merci pour le retour, en espérant que ça dure et que ça dure… nous non plus on ne se rend pas bien compte ! Le genou est au top, près à affronter les montagnes Allemandes !
Bisous Emma
Nicolas Comet on avril 16, 2013 at 1:28 said:
Bon vent les deux vadrouilleurs, et spéciale dédicace à toi Gooby33 😉 Je suivrai votre épopée ici !
Simoun on avril 17, 2013 at 10:17 said:
Que d’émotions ressenties à vous lire! J’ai toujours pensé que les fous étaient heureux!! 😀
Continuez à bien vous poiler, ne vous surmenez pas, gare à la blessure! ce serait dommage de devoir interrompre un si beau périple!!
Je pense à vous,
Simoun.
Istany on mai 3, 2013 at 4:34 said:
Gooby, je repense à nos joggings matinaux pour monter les collinettes de Cuers et je me dis : c’est peanut à côté de votre périple!
J’adore suivre vos aventures, c’est un peu comme si je voyageais avec vous 😉
Bonne route les gars, Istany