Environ 2500 kilomètres, de beaux passages montagneux et des grosses journées dans la chaleur étouffante des plaines ; Des paysages à couper le souffle ainsi que d’agréables sessions de repos agrémentées de découvertes gustatives succulentes ; Mais surtout des rencontres et des moments inoubliables de partage avec une population qui nous a émerveillé par sa générosité, sa gentillesse et sa joie de vivre. Voilà comment nous pourrions résumer en quelques mots les deux mois que nous venons de passer dans notre première étape en Amérique du Sud. Pays à la réputation sulfureuse, la Colombie nous a séduit par sa beauté, son peuple et son rythme endiablé.
Mise en jambe et baroud dans les plaines
17 Mars 2015. Débarquant du ferry en provenance de Colon au Panama, après 18h de trajet et une nuit sur la moquette dans le froid de la climatisation du bateau, l’épaisse chaleur qui règne dans le port du nord du pays nous assaille. Le passage des douanes est une formalité, même pour les vélos que la police des frontières ne regardera qu’à peine. Une formalité sauf pour Samuel, notre compagnon de route Québécois depuis maintenant plus de deux mois. Malheureusement pour lui, parce que son pays impose aux visiteurs Colombiens de posséder le fameux passeport biométrique, la Colombie demande en retour une taxe de réciprocité aux touristes canadiens. Le voilà donc tout penaud, seul dans sa file spécifique, obligé de s’acquitter de la modique somme de 160 000 pesos Colombiens (environ 60€). Il est toujours étonnant de voir à quel point les relations diplomatiques entre pays impactent le simple visiteur lambda qui, lui, est à des kilomètres de toutes considérations pour la politique internationale et surtout n’a rien demandé à personne.
Enfin, comme nous répétons souvent à notre ami, c’est le jeu ma pauvre Lucette ! Cela réglé, les bicyclettes sont enfourchées, direction le centre de la cité. Comme à chaque arrivée dans un nouveau pays, la recherche du trio nécessaire argent liquide / carte routière / nourriture est le premier objectif. Une fois ces tâches accomplies nous avons tout juste le temps de profiter du magnifique centre historique de Carthagène avant de chercher un endroit pour dormir. Les Colombiens ont, de leur propre aveu, tendance à considérer leur pays comme étant très dangereux à cause des guérillas et de la délinquance. Ainsi, bien que ne nous rencontrerons aucun problème durant notre traversée, nous suivrons les quelques règles de bon sens du voyageur averti. La première de celles-ci est : « Camping sauvage non recommandé« . Ce soir là donc, après quelques refus, nous finissons, sur le conseil de la police locale, par planter la tente au crépuscule dans le parc tout près de la vieille ville, surveillés par un groupe de militaires qui gardent la zone. Ce n’est pas le Hilton, mais ça fait bien l’affaire et nous nous endormons avec le son du trafic et de la vie nocturne carthaginoise.
Estimant avoir eu notre comptant de plage en Amérique Centrale, nous quittons dès le lendemain la côte caraïbe pour s’enfoncer dans les terres. Il fait chaud, très chaud, et nos affaires sont trempées en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Nous roulons dans le delta du fleuve Magdalena et les quelques têtes de bétail que nous apercevons mâchent la végétation verte près des zones marécageuses. Premier contact incongru avec un autochtone en mobylette :
Deuxième règle de bon sens du voyageur averti : « Méfie-toi des propositions bizarres« . Après avoir refusé avec politesse cette généreuse et étrange offre, cette première étape nous amène jusqu’au petit village de San Juan Nepomuceno. Nous demandons asile à l’Alcadia (la mairie) et, après avoir épuisé toutes les écoles fermées où nous aurions pu passer la nuit, les élus finissent par nous caler dans une petite chambre d’hôtel. Plutôt sympas! Repartant reposés, notre équipe s’écarte de la rivière pour partir vers l’est et tout de suite, la sècheresse prend le pas. La végétation est jaunie, la chaleur exténuante dès 9h du matin et, bien que nous partions avant l’aube, les arrêts « soda » pour cause de gosiers secs sont réguliers . Nous découvrons un peuple chaleureux et curieux, n’hésitant pas à nous héler sur le bord des routes pour nous poser des questions sur notre voyage, tout en nous offrant une boisson fraîche pour notre peine. Toujours plus que ravis de partager nos aventures, nous en profitons pour glaner des informations sur la vie locale, le fonctionnement du pays et les différences entre les régions de Colombie.Le local : « Tengo una pregunta ? »
Clément : « Si, que quiere ? »
Le local [avec gestuelle] : « Te gusta la pipa ? »
Clément [à Jérémy] : « Gooby, je crois qu’il va pas bien celui-là ! »
A Bosconia, après avoir poussé Samuel sur les 15 derniers kilomètres à cause d’une pédale grippée, l’équipe pose ses sacoches chez les pompiers du coin. La chaleur est tellement forte ici que cela fait quatre jours qu’il n’y a plus d’eau courante en ville. Néanmoins cela n’empêche pas trois jeunes locales de nous inviter à danser dans le bar du coin de la rue. Nous découvrons à nos dépends un autre aspect de la Colombie. Pour presque tous les Costenos (les gens de la côte), la danse fait réellement partie intégrante de leur culture, de leur âme, de leur vie, aussi naturel que marcher. Pour notre première tentative, les filles nous embarquent pour une Champeta. Les plus curieux iront faire un tour sur les réseaux pour une démonstration en image. En moins d’une chanson, nous sommes partagés entre l’hilarité du moment et le ridicule. Tandis que nos corps gesticulent désespérément, tels trois parpaings sur le dancefloor, nous observons avec émerveillement les autres bouger sur le rythme endiablé de la musique. Quittes pour une bonne rigolade, nous rentrerons ce soir là conscient du flagrant gap de niveau, malgré les encouragements des locaux, et surtout d’une tangible différence avec notre culture occidentale que l’on pourrait qualifier de « plus rigide ».
Au petit-déjeuner, nous continuons habituellement avec notre bouillie nourrissante avoine, sucre et banane, bonifiée parfois des goyaves ou des granadillas. Mais lorsque la chance nous sourit et que nous sommes hébergés, il y a souvent une omelette, un petit café et un jus frais ce qui, avouons-le, est une alternative beaucoup plus alléchante ! Pour l’en-cas de 10h, enfin le « toujours-le-cas » parce qu’il nous est impossible de rouler jusqu’à midi sans une pause énergie en milieu de matinée, les empenadas, une demi lune de farine de blé frite et fourrée de patate, poulet ou autres gourmandises, sont engouffrées par légions. Accompagnées d’une petite salsa, ce n’est pas certes très sain, mais qu’est ce que c’est bon !!
Le chemin se poursuit sur la « Route du soleil« , retrouvant le fleuve Magdalena. Enchaînant les étapes dans la chaleur, nous découvrons chaque jour un peu plus l’hospitalité et la gentillesse des Colombiens. Hébergés par la Defensia Civil à Curumani, le syndicat des industries du pétrole à Barrancabermeja ou encore sous un kiosque dans une station de lavage de camion à San Alberto, nous sommes toujours reçus avec le sourire. Sur les vélos, nous levons la main presque continuellement pour répondre aux saluts des locaux et il ne se passe pas une journée sans que nous partagions un café, une bière ou un soda avec eux. Arrivés à Puerto Berrio, nous profitons d’une dernière nuit de sommeil dans la chaleur des plaines avant d’enfin attaquer les premières côtes Andines.
Montée dans les Andes
En Colombie, le massif Andin est divisé entre les trois cordillères orientale, centrale et occidentale, chacune ayant son lot de gâteries que tout aficionado de la montagne affectionne. Clément (A.K.A. Coco) étant à compter parmi eux, il trépigne presque d’impatience alors que nous attaquons les pentes de la cordillère centrale, direction Medellin. Nous évoluons à travers le jungle épaisse et les zones cultivées qui bordent la route. Du café, quelques ares de canne dont nous suçons le jus dans les moments de fatigue ou encore des champs de cacao. Au détour d’un virage, nous ouvrons une cabosse et dégustons la chair sucrée entourant les fèves. Ces dernières, autrefois utilisées comme monnaie, sont définitivement beaucoup trop amères pour être consommer crues, comme en témoigne la tête de Jérémy quand il croque dedans. Ce soir là, après avoir demandé la permission au fermier possédant le terrain, nous plantons la tente sur un promontoire offrant une vue à couper le souffle sur les montagnes environnantes.
Le lendemain, un premier col est franchi du coté de Cisneros. Gooby sacrifie à sa vieille habitude et s’accroche à un poids lourd pour les derniers kilomètres. La pluie attend de l’autre coté et nous arrivons humide dans la ville de Barbosa. Guillermo, journaliste indépendant, y interview notre équipe tout en nous présentant à la moitié de la communauté du bled. Le joyeux luron finit par nous inviter chez lui pour passer la nuit. Le matin suivant, Medellin est atteint. Pas de stop dans la capitale de la région d’Antioquia, réputée pourtant pour être le lieu de villégiature des plus belles femmes de Colombie, et, traversant la métropole entourés d’une foule de locaux en bicyclette profitant de l’autoroute transformée en cyclo via le dimanche, nous grimpons dans les collines à fortes pentes situées à quelques encablures pour atteindre San Antonio Del Prado. Là, au coeur de la forêt, nous retrouvons Manuel qui nous reçoit dans sa Casa Ciclista. Le principe est simple : tu es cycliste et fatigué, tu seras reçu les bras ouvert dans une des nombreuses maisons de cyclistes disséminées en Amérique du Sud contre un petit coup de main pour améliorer la baraque et/ou quelques histoires à partager autour d’un énorme plat de pâtes à la bolognaise. Nous restons quelques jours dans le coin et en profitons pour arpenter les alentours et faire une excursion dans les terres inconnues de l’aguardiente, alcool de canne légèrement anisé. Une fois mais pas deux nous dira le lendemain notre cerveau embourbé…
Durant ce séjour dans l’ancien fief de Pablo Escobar, Jacques, ami d’une ancienne collègue de Jérémy, nous rend visite. Géographe à la retraite, il a émigré en Colombie il y a une quarantaine d’année et a beaucoup baroudé dans les montagnes et les jungles du pays. Du téléphérique de Medellin utilisé comme transport en commun, aux différents climats et leurs impacts sur le relief et la végétation, en passant par la terreur des années 80-90, il est intarissable et nous sommes les oreilles grandes ouvertes, ravis d’écouter les anecdotes de sa vie. Il nous amène en balade vers Santa Fe d’Antioquia, jolie ville coloniale, et nous fait déguster une Bandeja Paisa. Le délicieux plat typique Antioquieño a tôt fait de nous caler l’estomac, chose pourtant pas si évidente. Avec les haricots, le riz, le chicharon (du lard), les bananes plantains frites, la viande hachée, l’avocat et l’oeuf, nous finissons par rouler sur nos ventres arrondis par le déjeuner.
Repartant de cette case en haut de la montagne, nous empruntons les voies détournées pour éviter la Panaméricaine. Moins peuplés, les crochets par Fredonia ou Filadelfia nous amènent à affronter de piquantes montées aux pentes abruptes et interminables, mais nous font également descendre à travers de magnifiques vallées, tantôt à travers des vergers, tantôt à travers la jungle, parfois avec une vue surprenante sur le Rio Cauca. Dans ces descentes, la prise de vitesse est énorme et nous penchons nos bolides dans les virages autant que le poids des bagages le permet tout en évitant les quelques trous dans la chaussée. Certes il y a quelques frayeurs, mais la dose d’adrénaline est tellement grisante, c’est le pied !!! Au détour d’une courbe, une vague de chaleur nous enveloppe, témoin invisible du passage des fraîches températures des hauteurs au climat tropical des vallées.
La pluie nous rattrape souvent en fin de journée, rafraîchissant l’air, et la bonne fortune nous permet à chaque fois de trouver un toit pour passer la nuit en pleine campagne. Enfin, nous arrivons en vue de Manizales, ville perchée sur un promontoire aux environs de 2200m. Nous sommes le 6 Avril lorsque notre trio débarque dans la capitale de la région de Caldas. Date importante pour notre aventure car ce jour-là, « Attrape Ma Roue » à deux ans, 730 jours que nous sommes sur la route. Plutôt que de fêter l’occasion comme notre première bougie (cf. Journal sur l’Australie), nous sommes cette fois-ci rattrapés par une digestion difficile de la salade, apparemment défraîchie, consommée le midi et nous nous passons le relai aux abords de la faïence toute la nuit. C’est pas tellement glamour, mais cela fait aussi partie du voyage malheureusement : l’estomac du voyageur est parfois assujetti à une faune exotique locale et agressive. Par chance, nous sommes recueillis par Gloria, Enrique et leur famille que nous avions contacté quelques jours auparavant. Ils nous cajolent, nous emmènent aux thermes, rien de mieux qu’une eau soufrée pour oublier les problèmes d’estomac, et nous trimbalent à droite et à gauche toujours avec le sourire, ravis de nous faire découvrir leur région et leur culture. Une fois d’attaque, nous dégustons les spécialités locales avec une faim renouvelée, et nous voilà ragaillardis en un rien de temps. Mention spéciale pour le Sancocho de gallina, un bouillon de poule agrémenté de petites patates, yucca, maïs, coriandre et autres herbes et épices, dans lequel nous venons ajouter une pointe de piment. La recette varie en fonction des régions et dans la province de Caldas une belle échine de porc est rajoutée pour notre plus grand plaisir. Nous remercions encore une fois ici nos hôtes pour nous avoir reçus et pris soin de nous avec tant de gentillesse durant les quelques jours que nous avons passés en leur compagnie.
Yoyo dans les cordillères
Repartant de Manizales, la route du sud, à travers la vallée entre les cordillères occidentale et centrale, chemin direct vers l’Équateur, aurait pu être notre prochaine destination. Mais, passant de bons moments dans le pays, nous décidons de prolonger le plaisir en effectuant un petit crochet pour aller visiter la capitale. Petit, pas tant que ça finalement…
De bon matin, l’équipe se lance dans l’ascension de la cordillère centrale et les 1200m de dénivelé supplémentaire qui nous amène sur le plateau de Letras. La végétation est rase là-haut ; le vent frais sèche les tee-shirts, nous fait frissonner et rappelle que l’altitude est tout de même 3400m. Une fois les gants et le coupe vent enfilés, nous profitons de 80 km de descente à travers les décors grandioses des montagnes colombiennes. Le soleil est à l’honneur et les variations de verts sur les vallées en dessous donnent un rendu saisissant. Arrivés dans la vallée aux alentours de Mariquita, nous franchissons rapidement les quelques longueurs nous séparant du rio Magdalena, dans la chaleur. Évidemment, comme toute cuvette qui se respecte, de l’autre coté de la rivière cela remonte aussitôt et nous suons à grosses gouttes dans la pente sous le soleil de début d’après-midi. Une montée à 1300m, une descente jusqu’à 950m, un dodo. Une montée jusqu’à 1800m, une descente jusqu’à 700m, un dodo. Une montée jusqu’à 2900m et enfin nous voilà sur l’Alto El Vino apercevant à nos pieds l’Altiplano de Bogota, situé aux environs des 2700m. Une petite Poker, le houblon de coin, pour fêter ça et nous voilà glissant euphoriques sur les derniers kilomètres qui nous amènent à Bogota.
Encore une fois, nous profitons d’une de ces innombrables connexions faisant du voyage une expérience humaine incroyable. Nous comptons parmi nos amis en France une Colombienne. Elle nous a mis en contact avec ses parents il y a quelques temps et, après avoir donné de nombreux conseils sur les routes à emprunter, Teresa et Hernando reçoivent notre équipe dans leur appartement au nord de la ville. Difficile de décrire la gratitude et la reconnaissance que nous pouvons exprimer et ressentir suite aux deux semaines que nous avons partagées avec eux. De la rencontre avec leur famille et leurs amis à la visite de la Candelaria, le vieux quartier de Bogota, ou encore la dégustation de plats typiques comme l’Arriaco ou le Cochuco en passant par une mémorable soirée chez « Andres, Carne de Res« , ils nous ont fait vivre une quinzaine haute en couleur et en découvertes et nous ne pouvons que les remercier du fond du coeur pour ces moments inoubliables.
Mais comme toutes bonnes choses ont une fin, nous enfourchons finalement de nouveaux les monture et retrouvons la route après avoir fait nos adieux. Repartant vers l’ouest, nous fonçons dans la descente vers Fusagasuga, doublant bus et camions par dizaines, ne s’arrêtant que pour soulager des poignets engourdis par tant de temps en pression sur le guidon. De retour dans la vallée du Magdalena, après une sympathique nuit dans une villa avec piscine (Merci Luz et Gloria), nous passons en coup de vent les plantations de riz avant de remonter la cuvette vers la cordillère centrale. D’Ibague, d’où nous partons juste avant l’aube, nous affrontons le col de La Linea, un des passages les plus épicés de Colombie : 49 km de montée dont les dix derniers à 9% d’inclinaison moyenne, 5h25 de pédalage intensif et enfin le haut de cette bute de 3100m est atteint vers 15h. La descente aurait dû être sublime, mais nous sommes rattrapés par le mauvais temps et essuyons une méchante pluie torrentielle.
Coco :
Transi de froid, trempés, nous descendons le plus vite possible dans les 20km de lacets dangereux qui nous ramène à Calarca. Il y a tant de flotte que j’ai presque l’impression de surfer. Les poids lourds en sens inverse coupent les virages pour pouvoir monter (les enf****) et, chaque fois que nous approchons une courbe et entendons un klaxon, nous sautons sur les freins rendus quasi inefficaces par les trombes d’eau et tentons tant bien que mal de zizaguer entre les véhicules, le bord de la chaussée et les larges flaques dans lesquelles l’aqua-planning est assuré. Quand je vois Sam tenter l’intérieur d’un camion alors que nous approchons un virage vers la droite, je serre les fesses très fort en priant qu’il ne se fasse pas serrer contre la paroi. Ouf, je l’aperçois de l’autre coté. Un kilomètre de plus et nous arrivons au terme de cette descente infernale
Nous voilà enfin de nouveau dans la vallée entre les cordillères. Bilan de notre petit crochet : mille kilomètres, deux cols à plus de 3000m, deux semaines de pur bonheur à Bogota et l’impression d’avoir joué au yoyo dans les Andes avec nos vélos.
Direction sud
En règle générale, depuis le début de notre traversée de la Colombie, la nourriture est très bon marché et pour les amoureux de la bonne chair, toujours affamés et ravis de découvrir de nouvelles saveurs, c’est tout juste parfait. Comptez de 1.5€ à 3€ pour un Corriente, le menu du midi, dans n’importe quel petit restaurant. Alors plutôt que de consommer nos maigres sandwichs, nous nous arrêtons chaque déjeuner pour déguster un plat local du jour. En entrée, il y a toujours une petite soupe chaude ou un Caldo (un bouillon), et c’est un réel bonheur de les déguster, surtout après une matinée fraîche et/ou pluvieuse, même si parfois en guise de protéïne nous avons le droit à une fameuse patte de poule. Coté plat principal, la base de l’alimentation Colombienne se retrouve dans le menu : du riz, des haricots, une viande frite ou en sauce, un peu de salade et parfois une banane plantain. L’arepa, une galette épaisse de maïs, fait office de pain. Il en existe tout un panel de différentes mais, bien que cela soit parfait pour caler l’estomac, cela ne sera pas notre passion. Enfin, pour la boisson, pas d’eau pendant le repas, ce n’est pas dans l’usage par ici. Par contre, il y a toujours un petit jus de fruit pour apaiser notre palais. Ils sont l’incontournable du voyageur en Colombie. Aux classiques jus exotiques que nous connaissons, goyave, papaye, ananas, maracuja, viennent s’ajouter toute une myriade de fruits qui nous étaient totalement inconnus, et dont les goûts suaves, sirupeux, acides, amères, épais et parfois étranges sont tous un délice et étanchent notre soif. Avec le blanc épais du guanavana, le vert amère du lulo, l’orangé acide de la tomate arbol, c’est l’arc en ciel dans les godets !!
L’arrivée à Cali se fait dans la chaleur et, guidés par Jonathan qui nous a hébergés la nuit précédente et suivit en vélo pour l’étape du jour, nous rencontrons Gustavo, Angie et ses deux filles. Ce premier est le neveu d’Hernando qui nous a hébergés à Bogota et a gentiment accepté de nous recevoir chez lui. Encore une connexion magique. Nous profitons d’un bon dernier repos en compagnie de sa famille. Ultime découvertes gustatives, nous testons la typique et succulente glace pilée aux fruits à Jalamil et le chontaduro, étonnant fruit rouge en grappe dont le goût rappelle la chataigne. Cali étant la capitale de la salsa, il est décidé de faire un saut dans un bar dansant. Coco et Sam se rendent compte très vite que le cours de Salsa Choke qu’ils ont suivi la veille ne leur permettra pas d’enflammer la piste. Comme il est dit par chez nous : « Y a du gros niveau !« .
Repartant sur les bolides, nous passons par Popayan, appelée la ciudad blanca pour son joli centre ville coloniale où tout les batîments sont blancs. Nous traversons la région du Cauca, qui connaît quelques problèmes de guérilla dans les montagnes, sans anicroche avant d’entamer la pente vers Pasto dans le Nariño. La montée est longue et fastidieuse mais, au détour d’un des nombreux virages affrontés, offre des points de vue grandioses et majestueux sur les sommets aux alentours. A Pasto, nous retrouvons Wolfi, un cycliste allemand facétieux rencontré une semaine auparavant. Il a effectué un crochet par San Augustin et Mocoa pour observer les merveilles naturelles qui s’y trouvent et, ayant une destination commune, nous décidons de rouler tous ensemble.
Voilà donc un canadien, un allemand et deux français, on dirait presque le début d’une mauvaise blague Carambar, qui s’élance dans l’ultime étape en Colombie direction Ipiales, situé un petit peu en dessous de 3000m. Une dernière nuit dans un lieu de passage dégoté grâce à la mairie et notre équipe internationale déguste une petite bière de bon matin juste avant de passer la frontière de l’Equateur, à quelques encablures de là, tout en se remémorant les moments passés sur ces terres sudaméricaines. D’un accord unanime, certains qu’il en est de même pour de nombreux autres cyclo-touristes, la Colombie est hissée et restera sur notre podium des plus beaux pays à découvrir à bicyclette.